Annales des Mines (1864, série 6, volume 5)
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A SÉRAUCOURT (AISNE).
EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE DE CONCENTRATION
diamètre sous une pression de 5 atmosphères. Le gaz était éteint l'obscurité ajoutait à l'horreur de la situation ; la panique régnait dans l'usine ; des ,ouvriers qui n'avaient pas été touchés d'abord furent, en fuyant, brûlés par la vapeur ; les blessés qui ne pouvaient fuir étaient enveloppés par elle. 11 y eut trente personnes atteintes; huit seulement ont survécu à leurs blessures et se trouvent aujourd'hui hors de danger. Parmi les morts, un petit nombre fut tué sur le coup ; la plupart succombèeent quelques heures ou quelques jours après. Le désastre eût été sans doute plus grand encore si le sieur Rousseau, ouvrier, fils d'un contre-maître, n'avait eu la présenCe. d'esprit et le courage de courir aux générateurs et de fermer toutes les prises de vapeur. Les chauffeurs effrayés jetaient bas leur feu, ne sachant ce qui était arrivé. La conduite du sieur Rousseau me paraît devoir être signalée à l'attention de M. le Préfet. Sans lui le nombre des victimes aurait été probablement plus considérable encore; ce n'est qu'un quart d'heure après l'explosion qu'on a pu pénétrer dans l'usine et secourir les blessés. L'ingénieur des mines, prévenu le é octobre par le garde-mines de Saint-Quentin, M. Jurkowski, s'est rendu immédiatement sur les lieux et y est resté le 5 et le 6. En passant à Saint-Quentin il eut la précaution de voir M. le juge d'instruction et de lui demander une commission rogatoire pour M. le juge de paix afin de procéder
plus sûrement à une enquête. M. le juge de paix s'est rendu de suite à son appel ; il avait déjà fait une enquête ; il en a communiqué les éléments à l'ingénieur soussigné et il a fait comparaître devant lui toutes les personnes dont le témoignage paraissait de nature à jeter quelque clarté sur les causes du sinistre. Pour faire apprécier celles-ci, il est nécessaire de décrire la chaudière. qui a éclaté. Cette chaudière fait partie d'un appareil à double effet pour la concentration des jus (Pl. XI, fig. 1); elle consiste en
un cylindre en tôle DIOE de 2',40 de diamètre et de i",45 de longueur, terminé par une calotte sphérique I-110; ce cylindre se raccorde à sa base avec une cuve en fonte DKE de même diamètre intérieur et à fond plat, dont la hauteur est de om.5o ; c'est dans cette cuve qu'est placé un serpentin MM' (fig. 2) où circule de la vapeur prise directement aux générateurs et que recouvre le jus obtenu après la défécation et la filtration, lequel est introduit à l'aide de pompes ou de monte-jus. On prend la fonte de préférence à la tôle pour former le fond, parce que cette dernière est attaquée par les acides organiques contenus dans le jus, tandis que la fonte ne l'est pas d'une manière sensible. La chaudière est posée verticalement sur sa base en fonte.
4S s'
La tôle a om,010 d'épaisseur, la fonte om,05.
Le tuyau qui amène la vapeur au serpentin a o'.07 de diamètre un robinet il, consistant en une soupape qu'on lève ou que l'on abaisse à l'aide d'une vis.dans l'intérieur d'un raccord en fonte, se trouve fixé au dehors sur le tuyau près de la chaudière et permet de régler à volonté l'admission de la vapeur dans le serpentin. La fabrique de sucre de M. Théry renferme trois chaudières tubulaires de 70 chevaux constamment en feu et cinq générateurs ordinaires à bouilleurs de 50 chevaux chacun dont deux ou trois en marche suivant les besoins de la fabrication. Lors de l'accident, trois générateurs et les trois chaudières tubulaires étaient en feu. Les vapeurs de toutes ces chaudières se rendent dans un grand cy-
lindre en tôle qui sert de réservoir commun et sur lequel sont toutes les prises de vapeur de l'usine. Les retours de vapeur se font dans une bâche oit l'on recueille l'eau condensée pour l'alimentation des générateurs. A l'extrémité
de chaque tuyau de retour est placée une cloche système Cali (fig. 5) qui permet seulement à l'eau condensée de passer dans la bâche et intercepte la vapeur. Le tuyau qui amenait la vapeur au serpentin de la chaudière qui a fait explosion avait sa prise sur le' réservoir général de vapeur: le tuyau de retour ne portait aucun robinet; mais il était muni d'une cloche système Cail. On voit donc que la pression de la vapeur dans les deux serpentins s'élevait par intervalles à Li 1/2 ou 5 atmosphères comme dans
les générateurs; par conséquent la pression devait s'élever au même point dans l'intérieur de la chaudière, quand aucune issue. n'était laissée à la vapeur produite par le jus. Celle-ci ne s'échappe pas librement à l'air. Elle passe d'abord' dans un valse dit de sûreté V où se dépose le jus qu'elle entraîne, et se rend de là dans le serpentin d'une seconde chaudière QS deforme cylindrique en tôle, où l'on concentre le sirop provenant de la première chaudière. Après avoir circulé dans ce serpentin, les vapeurs condensées ou non condensées se rendent au réservoir commun de toutes les eaux de condensation ; le tuyau de retour T' n'est pas muni d'une cloche Cail ; aucun robinet n'intercepte le passage. Quant aux vapeurs produites dans l'intérieur de la seconde chaudière, elles sont d'abord condensées dans une cloche à l'aide' de l'eau, puis aspirées et rejetées au dehors par une pompe pneumatique Y.
L'ensemble des deux chaudières et de leurs accessoires constitue' l'appareil dit à double effet pour la concentration des jus. 11 importe de remarquer qu'un robinet R' consistant en une sou-