Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1864, série 6, volume 6)

2 58

CONSTITUTION GÉOLOGIQUE

quelle il a donné le nom de Monzonsyénite, contient de l'or-

those, de l'oligoklase, de l'amphibole et du mica, souvent accompagnés de pyrite de fer ; à ce titre, ce serait au moins un granite syénitique, et c'est ainsi en effet que la considère M. de Cotta. Mais, d'une part, l'oligoklase ou, pour parler plus exacte-

ment, le feldspath strié, domine dans la roche type du Monzoni. MM. Liebener et Vorhauser n'y signalent même que

du labrador. D'autre part, on a généralement oublié jusqu'ici, dans l'énumération des substances qui la constituent, un élément essentiel, le fer oxydulé ; il existe dans toutes les variétés sans exception, même dans les plus acides et les plus granitoïdes, auxquelles il communique la

propriété d'attirer le barreau aimanté, et il se trouve en proportion d'autant plus considérable que la roche est plus basique et de teinte plus foncée. J'insiste particulièrement

sur ce fait de la présence du fer oxydulé, dont je tirerai plus tard des conséquences.

J'indiquerai donc, comme éléments constitutifs de la roche en question, un feldspath, généralement du sixième système, souvent labradorique, de l'amphibole, du mica, du fer oxydulé et de la pyrite, auxquels il faut quelquefois ajouter du pyroxène ( d'après MM. Liebener et Vorhauser).

Quant à l'hypérite, que M. Richthofen a représentée comme traversant en filons la syénite sans avoir rien de commun avec elle, cette roche me semble au contraire intimement liée à la précédente, qu'elle accompagne toujours

et à laquelle elle passe graduellement. M. G. Rose avait cru y reconnaître de l'hypersthène , et la texture beaucoup moins granitoïde de cette variété lui prête en effet un aspect assez voisin de celui des hypérites ; mais, quelque soin

que j'aie pris de recueillir les échantillons types aux endroits indiqués par N. de Richthofen, je n'ai pu y voir autre chose que de l'amphibole avec mica, fer oxydulé et pyrite au milieu du labrador. Partout où la matière fibreuse verte

DU TYROL MÉRIDIONAL.

259

sur laquelle il pourrait y avoir doute se présente en cassures nettes, on y reconnaît le double clivage de l'amphibole, et sa facile fusibilité au chalumeau, quand elle n'est

pas trop intimement pénétrée de fer oxydulé , l'éloigne nettement de l'hypersthène. Enfin j'ajouterai que MM. Descloizeaux et Friedel, qui ont bien voulu examiner la question, l'ont résolue dans le même sens. Je réunirai donc en un seul type l'hypérite et la monzon. syénite de M. de Richthofen ; mais alors quel nom faudrat-il lui donner? ceux de syénite, de diorite, de diabase sont tous trop particuliers, et chacun d'eux exclut un ou plusieurs des éléments constitutifs de la roche ; en sorte que le meilleur parti à prendre serait de réserver la question jusqu'à plus ample informé, en adoptant la dénomination de Roche granitoïde du Monzoni : malheureusement elle est trop longue pour pouvoir être employée e.,ommodément dans le discours. Je proposerai donc de la condenser, en quelque sorte, en la remplaçant par le nom de Monzonite. J'insiste seulement sur ce qu'il ne s'agit pas d'introduire un nom nouveau dans la science : ce serait tout au moins prématuré dans le cas actuel, car il peut se faire qu'un examen minéralogique et géologique bien complet prouve que la roche du Monzoni se rattache directement à un type déjà connu : il s'agit seulement d'adopter, à titre provisoire,. une étiquette qui a le double mérite d'être courte et de ne rien préjuger, et c'est pour cette raison que je la conserve, en attendant qu'on puisse se prononcer avec certitude. Cela posé, j'arrive à la description des diverses variétés

qui constituent le genre Monzonite, défini comme un mélange à grain cristallin, c'est-à-dire granitoïde, pouvant contenir du feldspath, de l'amphibole, du mica, du fer oxydulé et de la pyrite.