Annales des Mines (1865, série 6, volume 7)
Page : Image 78
Révision de 21 févr. 2015 16:07:23, edited by Anonymes
128
VOYAGE DANS LES BASSINS
dingues à gros galets. Ces couches appartiennent au terrain tertiaire supérieur (pliocène) d'eau douce identique au terrain du même âge qu'on observe aux environs de Con. stantine ; elles sont fortement redressées contre le massif secondaire et nummulitique qui termine le Tell, et plongent vers le S. ou le S.-E. sous le bassin du Sahara ; elles occu peut tout le petit bassin compris entre l'oasis de Biskra, au
Sud, et la chaîne du Djebel Sfa, au nord, et s'étendent l'est bien au delà de Khanga Sidi Nedji, point jusqu'où je les ai suivies d'une manière continue. De ce côté, ces couches pliocènes sont recouvertes par les alluvions anciehm et modernes de l'oued Khanga Sidi .Nedji (plus bas Oued el Arab) ; mais elles affleurent dans le lit de la rivière auprès de l'oasis de Zerib el Oued, et jusqu'à io kilomètres environ en aval de ce point. C'est dans ce terrain tertiaire que le sondage d' e! Faïd a pénétré.
On ne doit pas trouver étrange que ce sondage n'ait pas encok donné d'eau jaillissante à la profondeur de 157 mètres qu'il a atteinte, parce qu'il n'est pas dans 1e3 mêmes terrains que les sondages de l'Oued Rhir..Ce sondage peut réussir en le poussant plus bas, parce qu'a, base du terrain tertiaire supérieur il y a une couche épaisse
de sables quartzeux blancs qui s'enfonce sous la plaine d'el FaId et peut y donner des eaux jaillissantes à une profondeur qui atteindra peut-être 5 ou 400 mètres. Du reste, il y a au-dessus de cette couche remarquable d'autres couches absorbantes sur lesquelles passent les rivières descendant du massif de l'Aurès pour se perdre dans le Choit Melrhir, et qui peuvent aussi donner des eaux jaillissantes. Le terrain tertiaire supérieur dont il est ici question l'enferme également des nappes jaillissantes considérables auprès de Biskra; c'est ce qui est démontré par TAtude géolo-
gique des lieux et par la température des sources. A 1.000 mètres environ au sud du pied de la chaîne crétacée du Djebel Sfa, il y a un gouffre d'une grande profondeur,
DU HODNA ET DU SAHARA.
129
de 5o mètres de diamètre et dont l'eau légèrement saumâtre est à la température de 190. Il en sort un petit filet d'eau courante au moyen d'une profonde tranchée faite de mains d'homme. Un deuxième gouffre de 4o mètres de diamètre et à la température de 18°, se trouve auprès de la source thermale sulfureuse située à 5 kilomètres environ de Biskra. Cette source thermale a une température de 45° et débite 5o lita-es environ à la seconde ; elle donne lieu à une forte émission de gaz ; elle jaillit au fond d'une grande piscine qui sert de baignoire commune aux Arabes : elle est enfermée dans une construction arabe comprenant quelques pièces où l'on dépose les vêtements. Entre les deux gouffres, il y a de nombreux petits mamelons situés à peu près à la même hauteur, et au sommet desquels sont
des joncs, indices de la présence d'une nappe d'eau souterraine.
Les eaux qui alimentent Biskra sont des sources thermales émergeant à la température de 29°,55 de gouffres situés dans le lit même de la rivière, en plein terrain tertiaire supérieur. On supposait que ces sources, dont le débit minimum est de 5oo litres à la seconde, provenaient des infiltrations supérieures de la rivière à l'aval d'el Outaïa. Cette explication est inadmissible, car s'il en était ainsi, les
eaux de Biskra auraient une température beaucoup plus basse.
Dans l'oasis de Chetma, située à proximité de Biskra, vers l'est,
il y a dans le terrain tertiaire supérieure des
mamelons isolés au sommet desquels on remarque de petites sources jaillissantes thermales. Les sources principales
de l'oasis émergent au fond d'entonnoirs où l'eau fait bouillonner les sables.