Description géologique du Dauphiné pour servir à l’explication de la carte géologique de cette province par Charles Lory, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Grenoble.- Paris : Savy, Grenoble : A. Merle, 1860. 748 p., 5 planches dont carte géologique du Briançonnais au 1:250.000 de 1863.
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D'ANCIENS TORRENTS. 705 dernes étaient encore plus restreintes qu'aujourd'hui; en admettant même que ces déjections n'aient jamais été complètement éteintes, il est certain, du moins, qu'elles ont passé par un minimum d'extension, dont la date précise est le plus souvent immémoriale. C'est surtout dans les Hautes-Alpes, dans le bassin de la Durance, • que les phénomènes torrentiels ont eu autrefois et ont encore au- jourd'hui le développement le plus général et le plus formidable ; c'est parmi ces torrents du Briançonnais et de l'Embrunais, si bien décrits par M. Surell, que l'on trouve les types les plus variés cl les plus grandioses de leurs diverses phases d'activité, d'extinction ou de ré- surrection. Parmi les innombrables torrents éteints, on peut citer ceux dont les lits de déjection portent les villages de Savines, de Saint-Martin-de- Queyrières, de Saint-Chaffrey, de Névache, et une foule d'autres. Plusieurs villages, bâtis ainsi sur d'anciens lits de déjection , ont vu, dans ce siècle, par suite du déboisement et de l'abus des pâturages, les torrents reprendre leur antique activité et les menacer d'une ruine imminente : tels sont particulièrement Presles , près Briançon, les Crottes, près Embrun, et surtout l'ancien et important bourg de Chorges. De sages mesures prises pour le reboisement et le regazon- nement des bassins de réception ont contribué, plus efficacement que tout autre moyen, à arrêter le progrès de ces dévastations. Le côté oriental du bassin de Briançon présente une pente douce qui se relève uniformément depuis la Durance jusqu'au pied des montagnes; le sol de ce plan incliné est entièrement formé par les graviers amenés autrefois par trois grands torrents qui débouchaient par les gorges de Cervières, des Ayes et du Gros-Bif. Ces cours d'eau, cessant de charrier, ont entamé leurs anciennes alluvions et y sont maintenant profondément encaissés. Le Babious, à Châteauroux, un des torrents les plus considérables des Hautes-Alpes, a formé autrefois un lit de déjection extrêmement étendu, dont l'épaisseur atteint, sur certains points, 60 ou 80 mètres. Ce torrent, cessant de charrier à une certaine époque, a entamé tout cet épais amas de débris et même le lias schisteux sur lequel il repose. Aujourd'hui, il a recommencé à exhausser son lit, surtout dans la partie inférieure, entre la route et la Durance. Mais ce lit de déjection moderne se trouve à un niveau bien inférieur à l'ancien et en est indépendant, comme les alluvions actuelles du Bhône ou de l'Isère sont indépendantes des anciennes terrasses de ces rivières. Plusieurs autres grands torrents des Hautes-Alpes montrent la même succession de phénomènes : un ancien lit de déjection très-vaste et très-épais , et des déjections modernes beaucoup plus basses et moins étendues, dont la formation, toute récente, a été séparée des anciennes par une longue période d'extinction et d'affouillement. VII— 45
