Annales des Mines (1869, série 6, volume 16)
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EMPLOI' DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
A Reims, MM. Houzeau, Devedeix et J. Holden ont essayé dans ces derniers temps d'épurer les eaux d'égout au moyen
de lignite additionné de chaux ou de sulfate de fer. Ces eaux sont, comme on sait, très-chargées de résidus industriels, au point de contenir en moyenne 3 kilogrammes par mètre cube, et infectent à un haut degré la petite rivière la Vesles, dont le débit n'est guère que le double de celui des égouts eux-mêmes. Il y a donc pour la ville et la banlieue de Reims un intérêt de premier ordre à purifier, s'il se peut, les liquides avant leur débouché dans la Vesles. Les expériences de MM. Houzeau, Devedeix et J. Holden ont été faites en grand, à raison de 400 mètres cubes d'eau d'égout en dix heures de marche par jour, et ont porté sur un volume total de 72. 5 oo mètres cubes, d'avril 1866 à nosuffisante pour payer les frais d'une distribution en grand, et, en tous cas, si ces frais devaient être encourus, mieux vaudrait, ce semble, les affecter à la distribution de l'eau d'égout elle-même et éviter ainsi la dépense de l'épuration. Quoi qu'il en soit et pour en revenir à cette épuration, nous remarquons que les frais, distribution comprise, doivent être comptés « de 2 à 3 centimes par mètre cube » ou en moyenne à 2 centimes et demi. Or, d'autre part, le compte rendu nous apprend que la tonne d'engrais provenant du traitement vaut i5f,92, et que cette tonne a été obtenue à raison de 1k,32 de dépot par mètre cube d'eau d'égout, soit en épurant ou 758 mètres cubes. La dépense, sur le pied de 2 centimes et demi par mètre cube, ressort donc à 18,,95; c'est-à-dire qu'on perd 5 francs par tonne d'engrais fabriqué. Résultat d'autant plus défavorable que rien n'est compté, dans le prix de revient, pour l'installation de l'usine et pour l'administration supérieure, et que la valeur assignée à l'engrais est une valeur purement théorique, qu'aucune transaction commerciale n'a encore confirmée. Aussi les consciencieux auteurs n'hésitent-ils pas à reconnaître que « ces charges seraient écrasantes pour la ville, si seule elle devait les « supporter. C'est au cultivateur, disent-ils, à comprendre qu'il peut payer l'eau noire, le terreau, l'eau épurée. » Malheureusement il est à craindre que le cultivateur ne mette bien du temps à comprendre de telles vérités et qu'il ne soit beaucoup plutôt disposé
à.. abuser de la situation de la ville. D'ailleurs c'est ici le cas de répéter ce que nous avons déjà dit touchant l'insuffisance de ces divers moyens, au point de vue de la salubrité.
PROCÉDÉS CHIMIQUES
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vembre 1867. On a varié les réactifs de plusieurs manières, et les compositions qui ont donné les meilleurs résultats sont les suivantes : lignite en poudre et chaux, à la close moyenne de 2',574 de lignite et de o5,588 de chaux pour mètre cube d'eau d'égout ; 20 bonifie pulvérisée, chaux
et sulfate de fer, à la dose de i kilogramme de lignite, 131,48 de chaux et ok,5 de sulfate de fer par mètre cube ; sulfate de fer ayant ici pour but de remplacer le sulfure et le sulfate ferrugineux qui se trouvent en grande abondance
(de io à 18 pour loo) dans le lignite employé. Le résultat de ce traitement a été, selon les auteurs du procédé, de précipiter la totalité des matières putrescibles et de fournir des
eaux parfaitement claires, non susceptibles d'entrer de nouveau en putréfaction. Quant aux boues obtenues, elles ne donnaient, assurent-ils, aucune odeur et pouvaient être
desséchées à l'air sans inconvénient pour le voisinage. , professeur de chimie à Reims, a également
M. Maridort
rendu un bon témoignage des résultats.
Bien que notre opinion personnelle soit, comme nous l'avons déjà dit, que l'innocuité d'un pareil traitement serait loin, dans la pratique, d'être ce qu'on la suppose ici, nous nous arrêterons seulement au côté économique de la question pour montrer, d'après les propres chiffres des inventeurs, qu'une telle exploitation serait, financièrement parlant, tout à fait désastreuse. « M. Maridort, disent-ils « dans l'intéressant mémoire qu'ils ont pub I i é sur la question,
après l'analyse des houes, trouve, en suivant les procédés de M. Boussingault, et en appliquant son évalua« tion des corps qui constituent un engrais, que le mètre « cube de cette boue vaudrait o francs à l'état anhydre ; « mais comme il est presque impossible de le donner à cet « état et qu'il faudrait, même au point de vue de son effet « fertilisant, lui laisser un peu d'eau, soit 4o à 50 p. 100, « il ne faudrait le compter qu'au prix de 10 francs le mètre « cube. Ainsi donc, i mètre cube d'eau épurée coûterait