Annales des Mines (1869, série 6, volume 16)
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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
point de la plus haute importance, vu la nécessité que l'eau d'égout, aussitôt produite, soit emportée loin de la ville et appliquée dans son état de fraîcheur... » Quant à la nature même du végétal qui doit former la prairie, tous les avis s'accordent à reconnaître que le raygrass d'Italie présente le plus d'avantages. C'est, disent les agriculteurs consultés, « l'arrangement le plus profitable. » Ce n'est pas à dire qu'on ne puisse arroser aussi d'autres cultures. Au besoin les essais de la ville de Paris, que nous avons rapportés, prouveraient la diversité d'applications dont l'eau d'égout est susceptible. En Angleterre même, des emplois variés ont été essayés en grand : on a reconnu, ce qui était facile à prévoir, que l'eau d'égout, comme tout bon engrais, peut féconder toute espèce de récolte ; mais ce qui importe véritablement, on a reconnu aussi que le danger d'infection n'était évité qu'à la condition d'agencements coûteux et que le profit commercial s'abaissait considérablement. La grande objection de laisser les matières pourrir dans les intervalles des plantes se présente alors nécessairement, et l'on ne peut se contenter des simples rigoles découvertes dont nous avons parlé. « L'application sur la terre
arable, dit la commission de Rugby dans son rapport de 1865, exigerait essentiellement l'emploi des tuyaux et de la lance au lieu de rigoles découvertes, et même
- ( ainsi on ne parviendrait à utiliser qu'une faible partie de
« la quantité totale. » Les conditions dans lesquelles se trouve l'engrais, ajoutent ces mêmes expérimentateurs, « rendent tout à fait impossible de l'appliquer, sur une large échelle, aux terres arables portant des céréales ou d'autres récoltes alternées (*). » « Les seuls chiffres exacts qu'on ait, disent-ils, sur les résultats de l'application do l'eau d'égout aux céréales sont ceux qui proviennent des expériences faites par le comte d'Essex sur du blé, « et ceux obtenus avec de l'avoine à Rugby et consignés dans ce rapport ; dans les deux cas, l'accroissement des produits repré-
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PROCÉDÉS AGRICOLES.
On a parfois élevé des doutes sur la qualité de l'herbe obtenue avec de pareils arrosages. Une première crainte, bien vite dissipée, qui s'était produite dans les districts trèsmanufacturiers, était que les résidus des fabriques ne fussent nuisibles aux végétaux. Mais l'opinion des chimistes compétents, J. T. Way, A. Smith, Hofmann, Franckland, Lawes, etc. en même temps que des expériences agricoles accomplies sur divers points, notamment à Birmingham, ont complètement rassuré les esprits. Ces résidus se neutralisent en partie les uns par les autres et arrivent d'ailleurs sur les champs dans un tel état de dilution que les effets en sont insensibles. Une autre crainte, qui subsiste même aujourd'hui chez diverses personnes, c'est que les déjections et autres rebuts organiques délayés dans les liquides ne communiquent à l'herbe un mauvais goût et même ne la rendent
malsaine pour les bestiaux. Les faits observés dans plusieurs localités rassurent encore à cet égard. Ils démontrent que l'herbe verte est non-seulement parfaitement saine, mais que les vaches qui pâturent dessus fournissent du lait ex-
cellent, avec lequel on peut faire du beurre de première qualité. « Les chimistes, disent les commissaires de 1866,
« prouvent par des analyses minutieuses que lait et beurre « sont l'un et l'autre meilleurs que les échantillons fournis « par la même terre cultivée en prairie ordinaire.» Mais ce qui vaut mieux encore que les vérifications du laboratoire, c'est l'expérience des personnes qui font usage du produit. sente un très-gros profit par mètre cube d'eau employé. Les circonstances dans lesquelles ont eu lieu les expériences de Rugby
étaient, il est vrai, tout à fait exceptionnelles; et, dans les en.« droits où les applications les plus étendues de ce genre ont été
.« faites, à un point de vue commercial, notamment à Watford, Rugby et Ainwich, la pratique a été abandonnée ; d'autre part, .« à Édimbourg et à Croydon, où les meilleurs résultats de prairies ont été obtenus, l'application au blé et autres récoltes alternées -« ne fait point partie de l'ensemble du système adopté. » (Même rapport.) TOmE xVI, 1869.
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