Annales des Mines (1869, série 6, volume 16)
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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
au moins, en sorte que la valeur aurait doublé. De plus, le propriétaire est convaincu que ni la disposition du terrain, ni le mode d'emploi de l'eau, ni l'espèce de gazon ne sont tout ce qu'on pourrait souhaiter. Mais ce qui est surtout défavorable, au point de vue du profit agricole, c'est l'étendue de la surface, qui est bien le quadruple de ce qu'elle devrait être. Néanmoins, même dans des conditions si peu
propices, l'eau d'égout prendrait une valeur d'environ 6 centimes, puisque le bénéfice afférent à son emploi, soit 110 francs par hectare, se diviserait entre 18 ou 1.900 mèmètres cubes représentant la dose moyenne. Les irrigations de Carlisle offrent un intérêt particulier, en ce qu'on a tenté d'y prévenir les mauvaises odeurs par l'addition d'un agent chimique. La population 'totale de la ville est de 3o. 000 âmes. Pour 8. 000 environ, les déjections se perdent à l'Eden par un conduit séparé, qui passe sous
l'une des prairies occupées par l'entrepreneur, M. Mac Dougall. Pour les 22.000 autres, les eaux sont amenées par un aqueduc à un appareil à vapeur de cinq chevaux,
qui les remonte à 3 mètres ou 5m,5o de haut, après qu'elles ont été désinfectées par l'adjonction d'acide phénique ou fluide désinfectant du même M. Mac Dougall, dans la proportion de 55 litres pour 2.270 mètres cubes environ de liquide par jour, ce qui entraîne une dépense de 625 francs par an. L'eau ainsi traitée est Versée par les pompes dans un fossé découvert, parallèle à la rivière Cal-
dew, et elle est distribuée à la terre au moyen d'auges mobiles en fonte. Originairement, la distribution s'effectuait par des rigoles tracées dans le sol, mais elles étaient comblées par les inondations, qui sont très-fréquentes en cet endroit, ou foulées par les bestiaux, de sorte que la dépense à faire pour les maintenir en état était plus grande que celle des auges. M. Mac .Dougall afferme du duc de Devonshire 42 hectares, mais il n'en arrose que 28 situés entre le canal Calédonien et les rivières Caldew et Eden.
ENTREPRISES D' IRRIGATIONS.
Tout le sol est sableux et très-poreux, laissant filtrer l'eau librement, et il est disposé en pâturage ordinaire. Les prairies ne paraissent pas avoir recul de gazon artificiel, et elles sont entièrement broutées par le bétail. Aucune partie du fourrage n'est coupée et exportée; conséquemment le résultat net est difficile à connaître. Chaque portion est irriguée quatre fois par an; la dose à l'hectare ne paraît pas très-exactement fixée, mais en admettant un débit moyen de 2.000 mètres cubes par jour, ce serait une dose d'environ 25.000 mètres cubes par hectare et par an. La surface totale est, avons-nous dit, de 42 hectares, dont 28 arrosés et 14 non arrosés. Elle porte habituellement 600 moutons et de 90 à 120 têtes de gros bétail, pour lesquelles les nour-
risseurs payent une redevance hebdomadaire de 4,4o à 5 francs par tête de gros bétail, et de o,65 par mouton, ce qui représente un revenu brut d'environ 45.000 francs par an, duquel il faudrait déduire les frais de culture, qui sont peu élevés, ainsi que le prix d'affermage. Une autre preuve de l'accroissement de valeur dû à l'eau d'égout, c'est ce fait que M. Mac Dougall a pu, en 1864, sous-louer le tout à M. Hetherington , boucher de Carlisle, au prix de 20.000 francs par année.
Carlisle est la seule ville, à notre connaissance, où l'on ait essayé d'empêcher la putréfaction de l'eau d'égout employée à l'arrosage. Dans les autres localités, c'est l'application même au sol qui réalise la désinfection. A Carlisle, le Pâturage est beau et de bonne qualité, peutêtre meilleur que partout ailleurs : on pourrait l'attribuer
à ce que le bétail est gardé dessus, mais on donne pour raison que l'acide phénique prévient la décomposition, de sorte que l'azote contenu dans le liquide ne se combinerait pas avec l'hydrogène ou avec l'acide carbonique pour former de l'ammoniaque libre ou du carbonate d'ammoniaque (deux composés qu'on accuse de stimuler les grosses herbes, lesquelles, par leur rapide développement, étoufTOME XVI, 1869.
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