Annales des Mines (1869, série 6, volume 16)
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EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
cette s'élèverait en proportion. Il faut considérer, en effet,
que chaque mètre cube livré au public, rapporte à la compagnie plus du double de ce qu'elle en tire, quand elle le consomme elle-même (). Le bénéfice peut donc s'élever
jusqu'à la limite marquée par la vente de la totalité de l'eau. Cette limite, en calculant toujours sur loo millions de mètres cubes, serait de 12 millions 1/2 de recette: brute, donnant près de 11 millions de recette nette, ou en-
viron 18 p. ioo par an du capital engagé. Mais, en revanche, si la vente ne prenait pas, la compagnie aurait comme limite extrême opposée, le revenu de son propre domaine. En ce cas, elle porterait vraisemblablement la superficie endiguée à 5. 000 hectares, pour consommer son eau dans des conditions moins désavantageuses, ce qui entraînerait un accroissement de dépense d'établissement de
5 à 6 millions, et sans doute aussi un accroissement de frais d'exploitation. Ces 5.000 hectares affermés à 1. 200 fr,
produiraient 6 millions bruts, ou environ 4 millions net, soit à peu près 6 p. 100 du capital engagé, ce qui, dans une opération de ce genre, est tout à fait insuffisant pour l'intérêt, l'amortissement et les imprévus. Il suit de là que (q') Cela ressort du calcul même qui précède, où l'on voit que les 66 millions de mètres cubes employés par la compagnie ne lui rapportent que 5.600.000 francs par an, soit moins de 6 centimes ie mètre cube au lieu de 12 centimes et demi que lui donnent les mètres cubes vendus. Même en admettant le prix de fermage de 1.560 francs l'hectare, mis en avant_par 1\1. Hope, le prix ne ressorti-
rait encore qu'à 7 centimes le mètre cube. On ne doit pas s'étonner de cette différence, car, 10 on est placé, par suite de la forte dose à l'hectare (22.000 mètres cubes), dans la condition défavorable déjà signalée ; 2° on subit une dépréciation provenant de la grande
quantité de terrains arrosés sur un point déterminé ; 50 on est
éloigné de Londres et, conséquemment, on ne peut louer les herbages aussi cher qu'aux portes d'une grande ville où l'on est exo-
néré des transports. Il est donc tout naturel qu'avec la dose de 22.000 mètres cubes, on n'atteigne même pas le chiffre de /0 centimes le mètre cube, que nous avions indiqué cependant comme répondant à l'application d'une telle close à l'hectare.
ENTREPRISES D'IRRIGATIONS.
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les efforts les plus énergiques de la compagnie doivent tendre à la vente de l'eau : l'affaire ne sera réellement bonne que dans ces conditions.
La compagnie, au surplus, s'en est parfaitement rendu compte, et c'est précisément pour faire naître le goût de l'eau dans le public qu'elle se livre depuis deux ans à une vaste expérimentation qui est une sorte d'enseignement en plein champ. Elle a loué une ferme de 84 hectares de terrains légers, à sous-sol graveleux, dont la constitution est si pauvre qu'en certains endroits la terre arable manque presque entièrement et que le gravier affleure la surface. Aucune sorte d'engrais ni d'amendement n'y est employée. On se borne à arroser avec de l'eau d'égout que. des pompes prennent dans l'émissaire et envoient dans des bassins d'alimentation. On applique concurremment les deux systèmes d'irrigation d'Édimbourg et d'Espagne, c'est-à-dire par rigoles de pente et par plates-bandes de niveau. La principale culture est le ray-grass d'Italie. Sur une pièce ensemencée en août 1866 et sur laquelle on avait
fait passer mo.000 tonnes d'eau d'égout par hectare jusqu'au 1" juillet suivant, on a obtenu 750 quintaux métriques de fourrage à l'hectare, en trois coupes, savoir 200 'quintaux au commencement d'avril 1867, 250 quintaux au milieu de mai et 5oo quintaux vers la fin de juin. Sur d'autres pièces, la récolte a été plus belle encore. On a également bien réussi avec des pommes de terre, des choux, du céleri, des fraises, du lin, de la luzerne, etc. Enfin, la compagnie produit du lait en abondance, qui se débite journellement sur le marché de Londres. Telle est la situation actuelle de l'entreprise des irrigations de Londres, de laquelle le conseil métropolitain a pu dire, dans son rapport officiel de 1868 : « Eu égard à ce « qui a été fait, il paraît y avoir de bonnes raisons d'espé« rer que le succès couronnera cette entreprise et qu'il sera « démontré définitivement que l'irrigation à l'eau d'égout.