Annales des Mines (1869, série 6, volume 16)
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ENTREPRISES D'IRRIGATIONS.
EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
pente forte de 1 mètre par myriamètre ; il en résulte une « vitesse qui gêne la navigation à la remonte et qui rend « les barrages indispensables. Il y en aura prochainement trois entre la sortie de Paris et Poissy : le premier à Su« resnes, le second à Marly et Besons, le troisième à Andresy. Réglés à 3 mètres et 2,4o de chute, retenant mi fleuve de 75 mètres cubes à l'étiage sur les deux pre-
miers points et de suo mètres cubes environ après le confluent de l'Oise, les barrages créent des forces mo« trices de 2.400 chevaux à Suresnes, comme à Marly et Besons, de 5.600 chevaux à Andresy : 1 ou 2 mètres cubes d'eau par seconde ne peuvent être difficiles à sou« lever par de pareilles puissances (C). « En effet, les ingénieurs de Louis XIV, en construisant les machines de Marly, ont résolu le problème que nous rencontrons devant. DOUS aujourd'hui. Le vieil attirail de « roues, de balanciers et pompes dont la complication et
le bruit ne répondaient qu'à un effet utile insignifiant, a
été remplacé par un système fort simple et très-éner, gigue. Six roues de 12 mètres de diamètre mènent « chacune quatre pompes horizontales qui puisent l'eau en rivière et la refoulent d'un jet au sommet de la montagne. Chaque roue prenant 200 chevaux de forcé travaillant sous une charge manométrique de 180 mètres, chasse 2.000 mètres cubes par jour à 150 mètres de hauteur (1 Le barrage de Suresnes existe aujourd'hui et pourrait facile-
ment être utilisé pour l'élévation des eaux. Quant à celui d'Andresy, il n'est pas démontré qu'on aurait intérêt à aller chercher là une force motrice : car le tracé de l'aqueduc se trouverait ainsi fixé en partie, tandis qu'il serait peut-être préférable de le diriger dans un autre sens, même au prix de l'abandon d'une force naturelle. D'ailleurs si les moteurs hydrauliques sont économiques, ils ont bien aussi l'inconvénient d'être sujets à des irrégularités qui, vis-à-vis d'une tâche aussi continue que celle dont il s'agit ici, peuvent avoir des conséquences graves. En somme, c'est une question à examiner.
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« Donc, chaque roue peut envoyer au plateau de la Beauce,
et à plus forte raison en Brie, 2.000 mètres cubes par jour, c'est-à-dire tout ce que Paris produit de liquides de « vidanges, en les supposant isolés et partout rassemblés. Si l'un considère les eaux d'égout et qu'il suffise de les refouler, -non à s5o mètres de hauteur mais à 5o mètres « pour les envoyer au réservoir qui les dispersera dans
l'Ile-de-France, il faut tripler le résultat et compter sur 6. 000 mètres cubes en 24 heures. Si l'on descend encore d'altitude et qu'on veuille répandre les eaux sur les grèves de la Seine où il n'y a que 10 mètres à franchir, au lieu de 5o mètres, le chiffre doit être quintuplé ; chaque roue « puisera 3o. 000 mètres cubes à l'égout et les versera à la
surface des alluvions de gravier pour les transformer bientôt en prairies et en herbages. Avec six roues absor-
bant 1.200 chevaux, avec le système actuel de la machine de Marly, on aurait raison des 200.000 mètres « cubes que versera l'émissaire. « Si donc le barrage que l'on doit construire à Suresnes était descendu 7 kilomètres plus bas et porté à Asnières ; « si. l'on dotait ainsi l'embouchure en Seine d'une force motrice de 2.400 chevaux, on peut affirmer que la solution économique serait complète. La puissance de la
chute mènerait les appareils de dragage et de filtrage « des solides d'égout, et enverrait les liquides dans la « campagne, partout où la consommation agricole le demanderait.
s Cette consommation se fera-t-elle? L'éducation d'une « population de cultivateurs est lente, il faut en convenir s elle exige du temps, des efforts d'instruction, des sacrifices.d' exemple ; mais ici, les éléments de succès existent. Le maraîcher de la banlieue de Paris est un travailleur ardent et assidu, comme le Flamand et le Lombard ; depuis les chemins de fer, il se sent attaqué par la concurrence de rivaux plus favorisés du ciel, les maraîchers