Annales des Mines (1870, série 6, volume 17)
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LES ÎLES TAHITI ET 11APA.
NOTES GÉOLOGIQUES SUR L'OCÉANIE ,
des puissantes lames de l'Océan lavait et emportait dans ses profondeurs d'immenses quantités de ce sable. de sorte que
cette île pourrait bien, par ce seul fait, disparaître à son tour, si elle n'a point quelque charpente rocheuse pour lui donner de la consistance. Tonga-Tabou est coralligène et n'offre aucune apparence de roches volcaniques, bien que ses habitants possédassent des haches de basalte lorsque pour la première fois les Européens y débarquèrent. Avant le tremblement de terre, la surface de cette île était déjà légèrement ondulée sous l'influence d'anciennes convulsions, mais après ce dernier mouvement du sol, celui-ci, en certains points, s'élevait de plus de 5o mètres de hauteur. Peu de temps après ce tremblement de terre, on en ressentit un autre qui fut désastreux pour la petite île Nahinefuu, située un peu au nord de Tonga-Tabou ; la plus grande
partie des insulaires perdit la vie, engloutie dans d'immenses courants de lave qui se firent subitement jour par difièrentes ouvertures du sol ; elles marchaient si rapidement que les habitants n'avaient pas le temps de s'enfuir*). Éruption aux îles Sandwich et tremblement de terre sur Nous avons déjà dit qu'en la côte occidentale d'Amérique. 1857 des phénomènes volcaniques aux îles Gambier avaient
coïncidé avec des mouvements du sol en Amérique; il vient
de se passer tout récemment un fait analogue, niais qui a eu un plus grand retentissement à cause dés grands désastres qui l'accompagnaient À la date du 13 août 1868, les correspondances de Lima annonçaient qu'à la suite d'un tremblement de terre remarquable par son extrême durée, la mer avait été sillonnée de courants extraordinaires ; les navires, dans les ports, semblaient affolés et s'abordaient, bien que la surface de la
mer parût calme. J. Gay Jawkins. Quarterly Journal, 1856, page 383.
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Vers neuf heures du soir, à terre, la mer baissa de quelques mètres, puis revint, pour monter ensuite de 4 mètres au-dessus de son niveau ordinaire. Le lendemain on remarquait encore quelques courants irréguliers, puis tout rentra dans le calme.
La côte au nord de Lima souffrit peu, mais au sud le tremblement de terre détruisit des villes de l'intérieur, pendant que d'autres du littoral étaient fortement endommagées par des lames gigantesques. Le sud du Chili ne souffrit que de l'Océan ; à Coquimbo et à Caldera, la mer monta de près de 5 mètres, la Bolivie elle-même s'en ressentit. Au Pérou, les pertes furent grandes; la moitié de la ville d'Iquipe fut renversée par les mouvements du sol. La ville de 141ejillones, bâtie sur une presqu'île, fut complètement emportée par les flots, qui, en même temps, coupèrent cette péninsule et en firent une île. Le mouvement de la mer avait lieu du sud au nord. A peu près au moment où ces phénomènes se passaient, les volcans des îles Sandwich, si connus par les écrits de Dana et autres voyageurs, redoublaient d'intensité et la lave envahissait de nouvelles plaines dont. elle chassait les habitants.
Dans ces mouvements du sol et de la mer que nous venons de passer en revue, les éruptions volcaniques subaériennes ne semblent pas toujours être intervenues; nous allons citer encore quelques exemples de faits semblables.
Dans l'océan Pacifique, la nature fournit un procédé très-exact pour mesurer les hauteurs dont certaines terres ont pu s'élever ; en effet, la ceinture madréporique qui se soude aux rivages des îles et s'y développe jusqu'au niveau de la mer, s'élève nécessairement avec la terre qui la supporte; là, elle devient pour le géologue un témoin irréfutable du mouvement qui s'est produit : ainsi, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie et à l'île des Pins, la plage qui