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LES ÎLES TAHITI ET RAPA.

NOTES GÉOLOGIQUES SUR L'OCÉANIE,

elle serait donc descendue de la température de 95° C. à celle de 6o° seulement, et celaen quatre-vingt-treize années de temps! Auprès de cette source, à gauche, est un cours d'eau légèrement colorée en noir, mais n'ayant aucunigoût particulier. Des mouvements du sol paraîtraient avoir eu lieu depuis peu dans cette île, car près du port Résolution, à la pointe

Carteret, en dehors du récif, on voit aujourd'hui pointer des rochers qui n'étaient pas signalés dans la carte que le capitaine anglais Belcker a faite de ces parages. Nous signalerons encore sur cette île les gisements d'ocre rouge dont les naturels se teignent le corps, et qui se trouvent situés dans le voisinage des solfatares ; enfin la prodigieuse grosseur des produits de la culture et la vigueur extraordinaire de la végétation, que l'on ne peut attribuer qu'à une incomparable fertilité du sol ou peut être, comme on le dit, à la chaleur interne de ce sol. Ce groupe, si voisin de notre possession de la NouvelleCalédonie, offre donc un grand intérêt par ses productions végétales et minérales; le soufre, dont il paraît avoir d'im-

menses gisements, y devient tous les jours l'objet d'une extraction plus considérable. L'Europe, grâce surtout au percement de l'isthme de Suez, empruntera peut-être un jour à ce pays une partie du soufre qu'elle consomme.

Aperçu sur la constitution géologique .de l'île de Tahiti.

Plus de 1.000 lieues séparent Tahiti des grandes terres de l'Amérique et de l'Australie; sa surface n'est que le double de celle du département de la Seine, et 9.000 insulaires an plus, habitent ses rivages; mais si tant d'écrivains éminents, de voyageurs illustres n'ont pas dédaigné de consacrer de longues pages à ce point qui semble perdu au mi-

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lieu du vaste océan Pacifique, c'est qu'il était vraiment digne de fixer leur attention, soit à cause de la mer, tou-

jours paisible, bleue transparente qui l'environne, soit par l'aspect de ses montagnes aux mille pics, aux flancs sillonnés de cascades qui étincellent sous les flots de lumière d'un brillant soleil, soit enfin par la beauté et la douceur des indigènes.

L'île de Tahiti est un chaos de montagnes et de pics,

dont les pentes ont des inclinaisons tellement exagérées et supportent une végétation si touffue, que les explorations dans l'intérieur deviennent très-souvent tout à fait impossibles.

La forme générale des contours de l'île se rapproche de celle d'un 8 qui serait couché dans la direction ordinaire à ces parages, c'est-à-dire le N.O. -S.E. De ces deux presqu'îles ainsi accolées, celle du nord, qui est de beaucoup la plus importante, est seule appelée Tahiti par les indigènes, tandis que celle du sud porte le nom de Taiarapou. L'île entière est due à une série d'éruptions volcaniques qui ont eu lieu à des époques dillérentes et parfois trèséloignées les unes des autres, ce que l'on constate facilement, soit par les natures diverses des roches éruptives, soit par les dénudations qu'ont eu le temps de subir d'anciennes couches avant d'être couvertes par de nouvelles, soit enfin par la superposition des coulées plus jeunes sur les plus anciennes.' Pendant les longues années de calme qui séparaient ainsi parfois deux éruptions, sur la surface assez vaste qui était peut-être alors émergée, des végétaux avaient en le temps de s'établir; d'un autre côté, des cours d'eau importants devaient aussi couler sur cette terre, si toutefois ce sont eux et non les courants de laves qui ont tracé les sillons profonds que nous avons déjà signalés au milieu de certains dépôts de matières volcaniques; en tous cas les galets rou-