Annales des Mines (1870, série 6, volume 17)
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RESSOURCES MINÉRALES
DE L'ARIÉGE.
Les eaux de Carcanières, quoiques très-actives, sont peu fréquentées, aucun bon chemin de voiture n'y conduit; elles sont presque
inaccessibles par l'Ariège, et elles le sont très-peu par l'Aude; la difficulté des communications ôte à ces sources toute leur importance. Tout près, à Escouloubre, sur l'autre rive de l'Aude, est un établissement analogue appartenant au département de l'Aude. Eaux minérales de Saliens (ilospitalet).Entre Mérens et l'Hospitalet, est au premier lacet de la grande route, une source sulfureuse froide, dont la température est de 13° 6ho centigrades. Elle contient par litre : Sulfure de sodium.
Elle émerge directement d'un banc de pegmatique enclavé dans le granite porphyroïde des montagnes de i'llospitalet. Eaux minérales d'Ax. Les sources d'Ax, au nombre de plus de
cinquante-trois, sont chaudes, sulfureuses, à base de sulfure de sodium; elles contiennent en outre du chlorure de sodium, des sels alcalins, tels que silicates et carbonates de soude, et une matière végéto-minérale qui se dépose sous forme filamenteuse à presque tous les griffons; sous le rapport de la température et de la sulfuration, ces eaux présentent par leur grande variété une foule de ressources à la thérapeutique. Un grand nombre de sources ne sont pas utilisées, où ne servent qu'à des usages publics; quatre établissements principaux sont affectés aux bains et douches; ils sont Le Couloubret, le Breilb, le Teich et l'établissement de Capdeville ,
(lit
modèle.
Le.bassind'Ax, étroit et entouré de hautes montagnes, de roches primitives et formé d'alluvions épaisses, est traversé par trois rivières, celles de Ascou, Orlu, Mérens; ces divers cours d'eau se réunissent un peu en aval d'Ax ; au milieu de la ville sourdent les eaux minérales. La vallée est creusée dans une roche, dite pegmatite, variété de granite à, large structure, pauvre en mica, contenant à Ax comme à Luchon une variété spéciale de mica, dit mica palmé. A u méridien
central du vallon, cette pegmatite présente une assez large zone allongée sensiblement du sud au nord, criblée de fentes étroites et disposées clans le même sens, du milieu desquelles émergent les eaux minérales par groupes disposés ainsi qu'il suit:
495 A la limite sud de cette zone sont les sources du Teich ; en descendant vers le nord, on trouve vers son bord est les sources des
bains Sicre. vers son bord ouest celles de la rue du Courtou, en son centre et un peu à la lisière ouest, on rencontre successivement les eaux de la place du Breilh, celles de l'établissement modèle et en dernier lieu les sources de Couloubret. Tout le sous-sol du vallon est formé par un terrain particulier, connu dans le pays sous le nom de Tap ; c'est un poudingue constitué par des cailloux arrondis de granite et quartz du toutes dimensions, agglutinés par un ciment argileux bleuâtre qui donne à la roche sa couleur et est parsemé de paillettes de mica; ce terrain, généralement durci par les dépôts siliceux des eaux thermales qui l'imprègnent, passe insensiblement au diluvium meuble ordinaire qui constitue la surface du sol dans toute cette région. Le Tap affleure au jour vers le sud de la zone minérale, c'est-àdire au sud- est de l'établissement du Teich ; du côté du nord vers les bains Sicre et le Couloubret, il est recouvert par une couche de diluvium et terre végétale dont l'épaisseur est variable et atteint souvent 1m à 5 mètres.
Le Tap est fortement durci par le passage des eaux minérales, qui y déposent des sédiments siliceux; en général il est compacte, imperméable; le diluvium supérieur est ébouleux, se laisse facilement traverser par les eaux pluviales qui coulent à son contact avec le Tap,
Les eaux minérales sourdent directement de la pegmatite, pénètrent clans le Tap 'par des canaux plus ou moins verticaux, de là émergent au jour, quand ce terrain minéral affleure lui-même; autrement elles pénètrent dans le diluvium en se ramifiant en tout sens, et n'arrivent au jour qu'après avoir exécuté dans ce diluvium des parcours horizontaux plus ou moins considérables. Tant que la source minérale reste dans le Tai), elle s'y creuse un canal naturel à l'abri des infiltrations extérieures, et conserve une température et un débit constant ; elle est captée ; du moment où elle pénètre dans le diluvium, elle se divise dans ce terrain meuble,
elle n'est plus à l'abri des eaux pluviales, son débit et sa température sont variables; le moindre travail exécuté dans le voisinage peut la faire disparaître ou la modifier ; pour la capter, il faut la poursuivre jusqu'à son émergence du Tap et l'y, enfermer. Tout le long de la large zone des fentes qui traverse le vallon d'Ax du sud au nord, les sources sourdent à peu près verticalement par groupes minéraux indépendants les uns les autres; dans chaque groupe elles s'influencent mutuellement. TOME XVII, 1870.