Annales des Mines (1871, série 6, volume 19)
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SIEBENGEBIRGE ET EIFEL.
SIEBENGEBIRGE ET EIFEL.
Le trasz repose tantôt directement sur les schistes, tan tôt il en est séparé, à la partie inférieure, par les alluvions que le Brohlbach avait formées dans la vallée avant l'ap-
parition des tufs. Il présente une épaisseur à peu près constante d'environ 5o mètres, de telle sorte que sa surface
supérieure suit à peu près la'pente du fond de la vallée; il n'en est pas de même dans quelques-uns des vallons qui viennent déboucher dans la vallée de Brohl dans celui qui descend de Wassenach par exemple, et où se trouvent les bains de Toennistein, l'épaisseur du banc de trasz va en diminuant à mesure qu'on remonte vers Wassenach, et sa surface supérieure semble presque horiz9ntale. On rencontre le trasz en lambeaux isolés à Glees, à Weiler et à Niederzissen, dans des vallées qui dépendent de celle de Brohl mais on ne le rencontre nulle part sur les plateaux ou sur les flancs des montagnes. Il est impossible, d'après cela, de le considérer comme formé de lapilli ponceux, qui, après leur chute, auraient été cimentés par l'action des eaux ; car
une pluie de lapilli aurait couvert tous les alentours du, volcan d'où elle sortait, et n'aurait pas rempli seulement les vallées. Il faut donc admettre que le trasz de Brohl est une véritable lave boueuse, qui a été suffisamment liquide pour gagner le fond des vallées et en suivre la pente comme un ruisseau ; la température de cette lave était certainement très-peu élevée, vu l'état de conservation des parties les plus délicates des feuilles qu'elle a empâtées. On avait supposé d'abord que ce torrent de lave était sorti du Veits-
kopf et s'était jeté d'un côté dans la vallée de Glees, de l'autre dans celle de Tonnistein; niais on ne pouvait alors lui rattacher les lambeaux qui se trouvent en amont de Burgbrohl ; et il est plus naturel d'admettre, comme le fait M. d'OEynhausen (*), que la coulée de trasz est partie du Dachsbusch, au-dessus de Glees, et s'est épanchée d'un côté (*) Ouvrage cité.
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sur Glees et Burgbrohl, de l'autre sur Niederzissen, Weiler et Buchholz ; ces deux branches se sont réunies à Burgbrohl,
et le torrent a continué à descendre vers le Rhin ; à la l'auteur de Tcennistein, la vallée change brusquement de direction, le courant s'est trouvé nécessairement ralenti, et la masse boueuse a reflué en partie vers la droite, remontant la vallée de Wassenach. On s'explique ainsi très-bien comment il se fait qu'ici le trasz soit limité à la partie su-
périeure par un plan presque horizontal. La même chose s'est reproduite un peu plus bas, à l'entrée du vallon de Pontermûhle. Enfin, arrivé à la vallée du Rhin, le torrent de boue s'est jeté dans le fleuve et a dû y former des atterrissements considérables, détruits depuis, niais dont on retrouve encore la trace sur la rive gauche jusqu'au village de Nippe, en aval de Brohl. D'ailleurs, dans la vallée de Brohl même, la masse a été fortement attaquée par les eaux postérieurement à son dépôt. Nous avons vu qu'en amont de Burgbrohl il n'en restait que des lambeaux épars, et en aval on trouve des preuves évidentes de cette érosion : le
trasz est recouvert par une sorte de conglomérat noirâtre qui forme une couche d'épaisseur variable, sur laquelle repose un limon jaunâtre un peu argileux. La surface de séparation du limon et du conglomérat est très-régulière et presque plane, tandis que le trasz, à son contact avec le conglomérat, présente une surface extrêmement ravinée et tourmentée, qui indique d'une façon évidente l'action énergique des eaux. Je joins (Pl. II, lig. 8 et y) deux croquis
pris sur les lieux, représentant le fond et l'une des parois d'une carrière de trasz située sur la rive gauche du ruisseau et montrant la position relative du tuf, du conglomérat et du limon. En examinant avec attention ce conglomérat, on reconnaît qu'il est formé de morceaux de schiste et de grauwacke, de cristaux de pyroxène augite plus ou moins
roulés et de grains de quartz et de fer titane, c'est-à-dire précisément des éléments les plus lourds du trasz. La pâte