Annales des Mines (1871, série 6, volume 19)
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RAPPORT DE M. MATROT.
ACCIDENT A L'USINE DE FUIS.
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fermer les robinets de vapeur de tous les générateurs, et par conséquent arrêter les deux ateliers. Afin d'éviter cet inconvénient, on avait résolu de remplacer les robinets de prise de vapeur des deux générateurs extrêmes par des robinets à trois voies, permettant au besoin d'intercepter
derument détruire la liaison nécessaire pour maintenir en place le dernier tronçon du collecteur. Malheureusement Lefebvre et ses deux compagnons voulurent pour plus de précision, prendre l'écartement non pas des boulons, mais des trous. Pour cela, ils enfoncèrent
la communication avec l'une des conduites, tout en laissant le collecteur et l'autre conduite en communication avec les générateurs. L'un de ces nouveaux robinets étant prêt, il
les boulons. Le dernier tronçon LM du collecteur resta néanmoins en place, maintenu par la garniture du dôme,
fut décidé qu'on profiterait du chômage du dimanche 13 pour le mettre en place. Pour cela, il fallait démonter le tronçon LM du collecteur, ce qui exigeait évidemment que le générateur correspondant (II) fût froid, et que de plus le collecteur fût vide de vapeur, par conséquent que toutes les prises de vapeur sur les générateurs fussent fermées.
Quatre hommes avaient été commandés pour faire le travail de changement de robinet : MM. Marchand, che_ d'équipe, Lefebvre, Dujar clin et Blamart, ajusteurs chaudronniers. Le travail devait être commencé le samedi le, à huit heures du soir. Toute la brigade était en effet rentrée à l'usine à l'heure indiquée. A ce moment le générateur U était froid, la forge et l'atelier de chaudronnerie étaient arrêtés, mais la machine de l'atelier d'ajustage tournait encore pour terminer une pièce très-pressée. Marchand et ses hommes durent par suite attendre avant de commencer leur travail. A dix heures, la machine de l'ajustage n'était pas encore arrêtée. Marchand, pour gagner du temps, donna à Lefebvre l'ordre d'ôter les écrous des boulons de la tubulure du robinet à changer, afin de prendre l'écartement de ces hou. ions, et de marquer immédiatement sur la tubulure du nouveau robinet, la position des trous à percer. De cette manière on aurait pu percer ces trous sans attendre (pela machine fût arrêtée, et avancer d'autant le travail. Dans
la pensée de Marchand, il ne s'agissait que d'ôter les écrous sans toucher aux boulons ; cette opération ne pouvait évi-
dans laquelle la bride de la tubulure se trouvait emboîtée. Mais les trois ouvriers voulurent dégager complètement cette bride, afin de pouvoir faire passer derrière une plaque de tôle sur laquelle ils auraient marqué la position des trous. Deux d'entre eux, Lefebvre et Blamart, prirent des leviers et se mirent à agir sur le robinet, pendant que je troisième, Dujardin, les éclairait avec une lampe. Dès que la bride du robinet fut dégagée, le tuyau vertical cédant à la pression fléchit en emportant avec lui le tronçon LM du collecteur, comme l'indique le tracé ponctué sur la figure. Le collecteur se trouvant ainsi directement ouvert dans l'atmosphère par l'extrémité D du tronçon CD, lança un véritable torrent de vapeur sur les malheureux Dujardin et Blamart, qui se trouvaient justement en face. Lefebvre placé immédiatement à côté de l'embouchure ouverte du
collecteur fut préservé grâce à sa position et ne reçut qu'une brûlure insignifiante à la joue. Le chauffeur s'empressa de fermer le robinet du générateur V, le seul qui fût en pression. Puis on releva les deux blessés et on les transporta immédiatement à l'hôpital Saint-Sauveur (*). Quelques instants avant l'accident, Marchand était allé
à l'atelier d'ajustage pour s'informer du temps pendant lequel la machine tournerait encore. C'est pendant son absence que Lefebvre et ses deux compagnons enfoncèrent (1 L'état des deux blessés est aujourd'hui (as mars) aussi satisfaisant que possible, et tout porte à penser qu'ils seront prochainement rétablis.