Annales des Mines (1871, série 6, volume 20)
Page : Image 237
Révision de 25 févr. 2015 03:43:01, edited by Anonymes
46o
DANS L'AUTUNOIS.
INDUSTRIE DES HUILES DE SCHISTE
schistes déjà distillés et ont abouti à un commencement d'application industrielle. M. Chosson décrit les procédés très-simples qui ont été employés pour cet objet dans les usines de Lally et de la Comaille. À Lally on est ainsi arrivé, par l'emploi combiné du schiste distillé et du gaz, à réduire la dépense de la houille dans les foyers à un demi-hectolitre par mètre cube. À la Comaille le même résultat paraît avoir été obtenu avec le schiste distillé seul, sans utilisation du gaz. Le schiste y est, il est vrai, plus riche en principes combustibles, et les cornues étaient chargées plus qu'à moitié contenance et se rapprochaient plus de la forme cylindrique que les cornues à bouts tronconiques du système Malo.
Les modifications à introduire dans les fours n'augmentent
d'ailleurs d'une manière appréciable ni les dépenses de construction ni la main-d'oeuvre.
Les schistes distillés des cornues tournantes sont plus -difficiles à brûler que ceux des cornues fixes, parce que le roulement des fragments les uns sur les autres produit beaucoup de poussière qui dans le four obstrue la plupart des vides et des interstices. On a remarqué à Lally que la combustion s'opère convenablement contre les parôis long desquelles l'air se fraye plus facilement chemin, tandis que la masse centrale se décarbure à peine. Peut-être obtiendrait-on de bons résultats de l'insufflation d'un courant d'air forcé, moyen qui se montrait très-efficace dans les intéressantes expériences de M. Roche, relatées par M. Chosson. L'emploi de l'air chaud serait certainement avantageux, et l'échauffement préalable se pourrait obtenir en faisant l'appel à travers des tuyaux qui seraient logés dans les cheminées des fours et autour desquels les flammes perdues circuleraient, On ne cons lainera d'ailleurs jamais d'une manière parfaite les pierres schisteuses déjà cuites, qui tiennent environ So p. 100 de matière inerte et sont par suite des combus-
46,
tibles ingrats. Leur gaz part aisément sous l'impression de la chaleur. Quant au carbone, il sera toujours impossible de le faire entièrement disparaître ; car lorsqu'un fragment
s'est recouvert d'une croûte blanche de quelques millimètres d'épaisseur, il y reste un noyau noir presque impénétrable à l'oxydation. Toutes les fois néanmoins que chaque pierre se sera blanchie à la surface, la combustion aura atteint la totalité des principes gazeux, une grande partie du carbone, et aura développé beaucoup de calorique. Si l'on se reporte, d'une part, aux résultats déjà acquis par une utilisation incomplète des gaz et des schistes dis, tillés, de l'autre, aux indications supplémentaires tant des essais de laboratoire que de ceux qui ont été exécutés plus en grand dans les usines, on est, je crois, en droit de conclure qu'avec des cornues tournantes de grande capacité, bien installées et travaillant à forte charge, on arrivera à supprimer à peu près entièrement l'emploi de la houille. Le prix de revient moyen de l'huile brute, en y comprenant une rémunération convenable du capital engagé, descendra alors à environ 12 francs, comme avec la cornue verticale expérimentée à Lally par M. ,Aymard. Le prix véritable pour chaque minerai, je n'ai pas besoin de le dire, varie d'ailleurs en plus ou en moins autour des moyennes ici calculées. Les schistes de Dracy-Saint-Loup et de la Comaille rendant environ 70 'litres par mètre cube, il faut pour ces deux concessions réduire les moyennes de
-. Il faudrait au contraire les augmenter pour les schistes 7
de Lally, de la Varenne et d'Igornay, qui, en cornue tournante, ne peuvent guère donner plus de 5o litres. Les frais d'extraction sont,- il est vrai, moins élevés qu'ailleurs dans ces mines, ce qui fait une compensation partielle.
TOME XX , 1871.
3