Annales des Mines (1873, série 7, volume 3)
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NOTES GÉOLOGIQUES SUR LE CHILI.
L'Astrolabe et la Zélée qui, sous les ordres de Dumont d'Urville, ont mouillé dans le détroit du 15 décembre au Si janvier, c'est-à-dire en été, y ont observé un maximum de 15°,4o et un minimum de 5°,4. Des observations faites à Port-Famine par les agents du gouvernement chilien ont donné une température minima de 6°,2. Nous n'avons pas d'observations précises sur la quantité de pluie qui tombe dans le détroit,' mais elle doit être considérable, si l'on s'en rapporte aux dires des habitants de Punta-Arenas et des navigateurs qui y ont stationné longtemps. On ne sera donc point étonné de trouver réunis, sur les côtes du détroit, des phénomènes que nous sommes habitués à considérer comme contradictoires. Les forêts qui avoisinent Punta-Arenas sont admirables ; on y rencontre de belles essences à feuilles persistantes, telles que le grand hêtre antarctique, et de charmants arbrisseaux comme le berberis ilicifolia, dont nous avons eu le plaisir d'admirer, à la fin d'octobre, les gracieuses et innombrables grappes de .fleurs jaunes. King y a rencontré des fuchsias et des véroniques arborescentes, en fleurs et très-bien développées.
Or cette riche et belle végétation, ces -plantes que nous regardons comme des plantes délicates et que nous cultivons en serre, poussent à une très-petite distance des glaciers, que l'on voit, dans la partie montagneuse du détroit, porter leurs glaces jusqu'à une faible distance de la mer. C'est en quelque sorte la preuve en action que l'humidité de l'atmosphère est la condition météorologique la plus nécessaire à une grande extension des glaciers, et que cette extension n'est nullement incompatible avec une végetatiob vigoureuse et l'existence d'une flore ne présentant rien de commun avec celle des régions polaires.
Si l'on remonte la côte du Pacifique, à partir du détroit de Magellan, on voit le climat devenir graduellement moins humide ; il l'est cependant encore beaucoup à Port Montt (lat. 41° 3o') , qui se trouve au fond du bras de mer sépa-
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rant le Chili de l'île Chiloé. Voici en effet le résultat des observations faites en ce lieu par le docteur Fonck (*), pendant les six années 1859 à 1864 Température moyenne. maxima minima. Vent dominant N., soufflant pendant. . . Vent sous-dominant : S., soufflant pendant.
11%117
27°,37
00,62 . .
167 jours. 87
,58 jours de pluie donnant une moyenne annuelle de 2.-,592.
Cette dernière est extrêmement considérable, car elle dépasse de om,542 celle de Bergen (lat. 6o° 2-0' N.) qui atteint 2rn,25 et qui est la plus élevée de toutes celles qui ont été observées dans notre hémisphère. Aussi les forêts qui couvrent la partie occidentale de l'île Chiloé, entre le 58° et le 55° parallèle, rivalisent-elles en richesse, au dire des voyageurs (**), avec les forêts intertropicales ; les palmiers croissent sur ces côtes, et une espèce de bambou y a été trouvée sous le 400 parallèle. A mesure que l'on remonte vers le nord, la pluie devient de moins en moins abondante ; Santiago jouit déjà d'un
ciel presque toujours pur. Au nord de Santiago, la pluie cesse à peu près complètement ; ce phénomène météorologique ne se montre à Cepiapo que tous les cinq ou six ans, et ne dure guère, chaque fois, plus d'une heure ou deux. Cette sécheresse presque absolue, qui stérilise environ 3oo lieues de côte, favorise singulièrement la formation des dunes et le transport des sables à de grandes distances. Aussi les montagnes qui avoisinent Copiapo et qui séparent cette ville du désert d'Atacama, dont le bord occidental s'étend jusqu'à la mer, sont-elles couvertes, sur leurs deux versants, par un sable fin emprunté à la plage. Poussé par le vent de la mer, ce sable s'élève sur le flanc occidental
de la cordilière comme sur un vaste plan incliné, puis, (*) Petermann : Mittheitungen, '869, p. A62. (**) Grange, Voyage de l'Astrolabe, p. 557.