Journal des Mines (1794-95, volume 2)
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Cornu jusqu'à la pointe la plus avancée de la . colline de- Brutelle. Cette crête est un point de
partage pour les eaux du pays. Une partie se rend dans l'Amboise ; l'autre s'écoule par les
fossés de desséchement dont les bas champs sont traversés.
On appelle bas champs tout le terrain compris derrière la digue naturelle de galet, qui court du sud-ouest ,au nord-est, .depuis le bourg d'Auglt jusqu'à la. pointe du Hourde'. Cette digue naturelle 'dont l'ingénieur Lamblardie a expliqué la formation et les progrès dans son excellent mémoire sur les côtes de la haute Normandie , enveloppe tout le territoire de Cayeux, établissement de pêche fort 'ancien. Ces bas champs diffèrent , par la nature de leur
sol et de leurs productions , des terrains que l'on cultive sur le sommet des collines voisines , et sur-tout des environs .du cap Cornu. Les premiers produisent du blé en abondance , tandis qu'on ne recueille que des seigles et autres menus grains sur les seconds : ce n'est qu'une espèce de sable rendu' productif à force de culture , et dont le produit suffit quelquefois à peine pour compenser les frais d'exploitation. La Somme , quoiqu'encaissée à sa droite et à sa gauche par les digues qui couvrent le Marquenterre et les bas champs de Cayeux , forme à son embouchure une baye de pins d'une lieue de large. Le sable dont elle est remplie , tran'sporté de banc
en banc par les vents d'ouest vient eXhausser -chaque année, les dunes de Saint-Quentin. Il en
est ensuite détaché par les. mêmes vents, et répandu sur les terrains en culture. Une partie de .ce
en a déjà été submergée, et ses habitons ont été
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forcés plus d'une fois d'abandonner des héritages qui avaient été tout-à-coup frappés de stérilité.
Nous avons décrit la vallée de Somme telle
qu'elle se présente à l'observateur le moins attentif: nous allons essayer maintenant de pénétrer dans, la nuit du passé, de rechercher ce qu'elle fut autrefois, et d'indiquer les' causes qui, par des changemens successifs, l'ont amenée à son état actuel.
IL',
P ARTA E.
De la vallée de Somme dans son état passé.
LES révolutions qui ont, à différentes époques, bouleversé le globe , ont, laissé des témoignages pour attester leur existence. L'ancienne histoire de la terre est écrite à sa, surface , mais les caractères . de cette histoire n'ont pas la même signification pour ceux qui les observent , et chaque manière
différente de les expliquer a produit autant de systèmes dont le peu d'accord prouve au moins la difficulté d'en établir un à l'appui duquel les observations recueillies jusqu'à présent , concourent avec le même succès (4). L'origine des vallées .dans un système quelconque , est un des premiers phénomènes dont on entreprend de rendre raison
et celui peut - être sur lequel les opinions sont actuellement le plus divisées.
II est inutile à notre objet de remonter à cette origine. Nous supposerons les. vallées existantes quelle que soit la cause qui les produisit, et nous partirons de l'époque qui suivit ,immédiatement. leur formation. C'est encore nous transporter bien au-delà des temps historiques. La tourbe qui compose le fond de la vallée de
Somme est, comme on sait, un amas de subs-
tances végétales entassées les unes sur les autres