Journal des Mines (1794-95, volume 2)
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entrent ou qu'elles en so-rrent dans l'état actuel. C'est aussi à la rapidité du torrent qu'elles formaient,
qu'il faut attribuer l'escarpement de la petite montagne de Saint-Vallery dont elles baignaient le pied du côté du nord, et celui de la colline sablonneuse qui s'étend en talus fort incliné depuis le cap Cornu jusqu'à l'origine des bas champs du côté du Hourde'.
Avant que les eaux du lac dont il est question se fussent réunies et eussent creusé le lit de la les bords en étaient habités par de petites peuplades dont, à la. vérité , ni l'histoire ni la traSomme
dition n'ont conservé le souvenir, mais de l'existence desquelles il n'est pas permis de douter. Leur position sur les bords d'un vaste- étang dut les porter, à faire de la pêche leur principale occupation peut-être même y furent-elles attirées par la
À mesure que ces peuplades s'étendirent et s'accrurent, le besoin d'établir des communications faciles se fit sentir, et la vallee se couvrit de digues eu moyen desquelles il devint aisé de la traverser. Lorsque des pluies considérables faisaient gonfler les eaux supérieures , elles s'écoulaient par-dessus chacune d'elles, jusqu'à ce qu'elles fussent abaissées à leur hauteur ordinaire; ainsi l'aspect primitif de
la vallée fut changé par le travail des hommes; ce n'était plus un lac continu, mais de petits étangs séparés les uns des autres , sur lesquels on reconnaissait peut-être déjà le droit de propriété. S'il existe dans certaines contrées des habitudes que Ie temps n'a point détruites (t 2) , et que les progrès de la civilisation n'ont pu que faiblement altérer , le genre de vie actuel des pêcheurs de la
haute Somme vient à l'appui de nos conjectures
facilité qu'elles trouvèrent à en tirer leur sub-
Sistance dans un siècle où l'agriculture n'avait pas civilisé les hommes. Les habitons des deux rives opposées ne regardèrent pas long - temps la vallée qui les séparait comme un obstacle à leur réunion; ils avaient eu fréquemment l'occasion de sonder la profondeur du lac sur lequel ils avaient appris à diriger leurs pirogues. Ils reconnurent la possibilité de barrer
et ils élevèrent jusqu'au dessus de la surface des eaux ces chaussées de tuf dont quella vallée
ques-unes existent encore aujourd'hui. Les matériaux dont ils les construisirent, exerçant une forte pression sur la tourbe encore liquide qui couvrait le fond de l'étang, produisirent l'affaissement et l'inflexion de cette couche, ainsi qu'on peut encore
le remarquer dans les endroits où ces chaussées cnt été coupées transversalement au-dessous dtt terrain naturel,
sur celui des anciennes peuplades que nous supposons avoir habité sur ses bords. Une longue suite de siècles n'a point entièrement dénaturé tes moeurs de ces anciens habitans. L'usage de retirer des eaux l'objet de leurs premiers besoins s'est transmis d'âge en âge, et s'est conservé à travers les révolutions
avec d'autant plus de facilité, que la pêche dont ils s'occupaient , n'exigeant aucunes fatigues , a favorisé l'oisiveté naturelle et le goût du repos qui. éloignent encore aujourd'hui leurs descendons des 'travaux pénibles de l'agriculture. -
L'écoulement des eaux de la partie inférieure
du lac ayant eu lieu , comme nous l'avons dit , par
la destruction de la digue naturelle dont il était fermé du côté de la mer, dut entraîner de proche en proche la rupture des digues ,artificielles qui le traversaient, et l'écoulement des eaux qu'elles av aient
Soutenues jusqu'alors. On conçoit,, de plus, que