Journal des Mines (1794-95, volume 2)
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( 6o ) riau:Ié nécessaires à la construction de l'édifice, sans essayer
de les mettre en oeuvre. Mais quel homme se déterminera à recueillir des observations désintéressées , sans avoir d'autre but que celui de laisser à la postérité la gloire d'établir un système sur des faits dont il se sera borné à donner l'indication pu-re et simple II y a plus , ce n'est presque toujours que perce qu'on a l'espoir d'expliquer,,c'est-à-dire , d'adapter à un, système favori les observations que l'on pourra faire, que l'on entreprend d'observer ; et l'on obéit en cela au même instinct qui nous porte à desirer de jouir du fruit de nos travaux. Les systèmes sont donc un mal nécessaire ; si d'un côté ils nous éloignent du vrai, en nous donnant des explications du même fait souvent contradictoires., de l'autre ils ont cela d'utile , c'est que pour les soutenir ou les combattre, nous ne craignons pas de suivre avec soin des observations multipliées , qui tôt ou tard conduiront à la -vérité.
( ) Le citoyen Desmarets , dans sa Dissertation sur la jonction de l'Angleterre à la France, qui remporta le prix proposé par l'académie d'Amiens en 175 J, a
recueilli un grand nombre de témoignages en faveur Tde l'existence de l'isthme dont il est question. Nous nous bornerons à rapporter ici ce dit d'après les anciens historiens et les voyageurs modernes ,i.de quelques îles qui ont été séparées de différens continens par des irruptions de la mer dont la tradition a conservé le souvenir. tc Les anciens nous parlent à. chique instant de nouveaux détroits formés par les efforts de la mer; Eschile et Denis le periegète ou le voyageur nous assurent -que
la Sicile a été séparée de l'Italie. Virgile nous fait valoir cette prétention par de beaux vers ; Pline et
Séneque appuient ce sentiment. Platon nous rapporte » une ancienne tradition qui prétendait que le détroit de 'Gibraltar avait été ouvert par l'irruption des eaux de l'Océan dans les terres. Les autres historiens en ont aussi parlé comme d'un fait constant. Strabon fait mention de l'opinion de quelques physiciens qui sou. tenaient que l'île de Lesbos avait été. séparée du Mont Ida ; celles dePhocide et cils,chia, du cap de Misène;
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D, celle de Caprée , du promontoire de Minerve. Plinc ajoute l'île de Chypre enlevée à la Syrie ; celle d'Eubée à la Béotie. Ce grand nombre de témoignages ne nous permet pas de douter qu'il n'y ait eu des détroits DD
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formés dans la Méditerranée. Cependant cette mer assez tranquille , n'a pas pour opérer ces irruptions, les avantages que nous avons développés, et que
nous appliquerons par la suite à la Manche et à
l'Isthme. Les observations des voyageurs modernes com-: prennent dans le même cas , les détroits qui sont entre l'île de Ceylan et l'Inde , entre Sumatra et Malaye , D, ceux des Manilles , de Magellan , de la Sonde , de
le Maire , &c. Les habitans de l'île deCeylain, conservé une ancienne tradition par laquelle iss
instruits que leur île a été séparée de l'Inde. Le grand nombre d'écueils qui, se trouvent entre Sumatra D, et Malaye ont fait croire à plusieurs navigateurs qu'il y avait eu une jonction entre Vile et la presqu'île. Au surplus , ils nous assurent que les lits de terre des deux
côtes du détroit indiquent par leur conformité, une
D, ancienne union , et que d'ailleurs, la chaîne de mon-
u tagnes qui est dans la presqu'île continue dans l'ile- en )) suivant la mên-ie direction. Les Malabares veulent aussi que les îles Maldives aient fait partie du continent de l'Inde , et qu'elles'aient été coupées , par la violence de l'Océan , en divers atoIlons , et les atolIons en petites îles , d'autant plus qu'entre ce nombre infini de petites pointes de terre qui s'élèvent au milieu des eaux , il y a
des courans rapides. M. Cassini pense que ces îles sont les restes de la fameuse Trapobane, des anciens
qui a été ainsi divisée par les flots. La mer s'est insinuée et a formé de même les îles de Norvège et, pour nous DD rapprocher de l'Angleterre, l'île de-Wight selon Cambden ( Dissertation Sur la jonction de la France et Speed.
à l'Angleterre, par Desmarets. Paris, 1753.)
( 6 ) Du mot latin limes limite , parce que c'est en effet la limite commune de deux courans dirigés en différens sens. ( Voyez le mémoire de Lamblardie déjà
cité.)