Révisions de la page | Historique de transcription | Journal des Mines (1795-96, volume 3)

42 ) portait sur la côte du sud, comprise entre la rivière d'Amboise et Abbeville-. ss Je pense donc qu'on ne peut révoquer en doute

gué la Somme se soit rendue à la mer en passant -entre ces deux anciens ports; et l'on ne peut disconvenir qu'en n'admettant point ce fait , impossible de concevoir et d'expliquer comment il y aurait eu à Rue un établissaient de port aussi considérable que celui que la tradition et les historiens semblent nous indiquer. Le nom de Marquenterre, mare in terri, prouve encore évidemment que ce pays a été sous les eaux, et quel. l'époque où la Somme coulait dans cette partie

ne doit pas être très-reculée, L'observateur le moins

attentif qui parcourra le pied de la côte comprise entre le cap Cornu, près Saint-Valery, et le bourg d'Ault , ne pourra révoquer en doute que la mer n'ait baigné cette côte dans toute sa longueur. Si à ce fait on laioute la tradition qui s'est conservée dans le pays , que Cayeuxformait anciennement une île , on n'aura sàrement pas de peine à se con:vaincre que la Somme doit avoir eu son embouchure près de cet ancien port, dont nous ne con:naisSons plus de vestiges que son antique nom de hable d' Ault.

, )3. Quiconque a eu l'occasion d'observer ce qui se passe à l'embouchure de toutes les rivières .qui se jettent dans la Manche, sur la Côte comprise entre la Seine et la Somme , aura -remarqué plusieurs exemples de ces changemens d'embouchures. Ces rivières sont toutes barrées par des bancs de galets:. ces bancs n'ont pas tottjol urs_une épaisseur uniforme

sur -toute leur longueur; il arrive quelquefois que, dans le temps des marées montantes , des tempêtes extraordinaires accumulent, à l'embouchure de Ces fi

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rivtères, une masse de galets bien plus épaisse que Te reste du 'banc qui barre la vallée dans toute sa largeur. Lorsque la mer baisse, les eaux qui couvrent /a vallée se trouvent retenues ; mais elles Cherchent à s'ouvrir un passage , et bientôt, par leur pression, elles se forment un pertuis en crevant -la digue dé galets dans sa partie la moins épaisse-, , qui leur oppose moins de résistance. Ce nouveau passage sert d'embouchure à la rivière, jusqu'à ce que le concours de nouvelles causes physiques viennent' opérer d'autres changemens. ss C'est principalement à ces dépôts de galets qu'on

doit attribuer les variations qui ont eu lieu à l'embouchure de la Somme : l'exhaussement de son lit et le mouvement progressif des galets en ont été les principes. Lorsque cette rivière se rendait à la mer en passant entre le Crotoy et Rue , les galets qui arrivaient du côté du Crotoy provenant de la

.côte du pays de Caux, et ceux qui venaient du côté de Rue, et qui étaient fournis par la côte comprise entre Noyelles et Villers, tendaient à obstruer et à fermer son embouchure. Lorsque. la Somme se rendait vers le bourg d'êAuIt, une teMpête aura suffi pour lui fernier le passage ; et peut-être s'en

sera- t - elle ouvert un autre entre Cayeux et le Crotoy, où la digue de galets aura présenté moins de résistance à la pression de ses eaux-. C'est ainsi que

la rivière d,'Arques , qui avait anciennement son embouchure à la mer, au pied de la côte de l'ouest, coule maintenant au pied de la côte de l'est; et que la rivière de Bresle, qui était autrefois sous les murs de Tréport, a été portée par les galets, au pied de la côte de Mers: niais par des ouvrages executés dans le

XV siècle, elle a été ramenée au Tréport, et on a besoin de toutes les ressources de l'art pour l'y maintenir.