Journal des Mines (1795-96, volume 3)
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ANNOTATIONS' Sur la soufrière de la Alartinique. LA soufrière de la Martinique est située dans la mon-
tagne Pelée, dont le pic le plus élevé a été mesuré par le citoyen Dupuget , qui a trouvé son élévation de 736 toises. Depuis la découverte de l'Amérique , il n'y avait point eu d'éruption dans cet endroit. On y observe cependant , à la hauteur de 5oo toises , différens cratères qui attestent l'action des feux souterrains. L'éruption qui se manifesta le 22 janvier 1792 , fut accompagnée d'une assez violente secousse de tremblement de terre.
Bientôt une forte odeur de soufre se répandit jusqu'à
l'habitation de la citoyenne Alontaval , qui, avertie parlà de cet événement , eut le courage de se rendre sur le lieu. La terre était criblée de trous par lesquels l'éruption s'était faite, Les arbres avaient subi l'action du feu, dix-neuf manicous ( didelphis opossum) et plusieurs oiseaux , surpris dans le cercle de l'explosion , étaient restés morts sur la place. Quelques habita.ns des environs y retournèrent cinq Mois après. On trouva des rnanicons qui paraissaient morts depuis la première explosion. La citoyenne Monfaval avait entendu , en effet , deux mois auparavant, 1.ni bruit semblable à un coup de canon qui venait de ce 'côté , et il y a lieu de penser qu'il y avait eu alors une éruption nouvelle. Les arbres , les fougères sur-tout , étaient
abondamment saupoudrés de soufre; toutes les roches en
étaient enduites. On distinguait de tous 'es côtes de petits soupiraux par où le soufre était sorti. La fumée
qui s'en exhalait par bouffées annonçait la présence d'un feu souterrain. Une eau noirâtre sulfureuse et chaude,au point de ne pouvoir presque pas y tenir la main , sortait
d'un trou de deux pouces :de diamètre, au bas 'd'une petite cascade. Cinq ou six cents pas phis bas et dans la même coulée, il existe une antre soufrière d'où il sort également, par trois petits trous , des eaux chaudes sulfureuses. On trouve aussi des eaux thermales, mais non sulfureuses, au revers
et à l'ouest du même morne, près de l'habitation du
( 59) citoyen Duroquet. Toutes ces eaux chaudes paraissent sortir d'un même foyer.
L'explosion ancienne de la montagne Pelée paraît avoir
porté tout son effort 'du côté de l'ouest. Cette partie est entièrement bouleversée , et on y voit , dans quelques endroits , jusqu'à trente pieds d'épaisseur de pierre-ponce,
tandis que du côté opposé le terrain est moins brisé
et la couche dé pierre-ponce est moins épaisse. Peut-être eteffet peut-il être attribué au refroidissement opéré sur le flanc oriental de la montagne par les vents d'est et da nord , 'qui n'a pas Permis à l'explosion de s'y manifester connue du côté opposé. Ces détails sont tirés d'un procès-verbal que les Observateurs rédigèrent sur le lieu' et dont ils déposèrent une copie dans un bocal placé à hauteur d'homme , à droite du ravin , avec une invitation aux curieux qui viendraient Visiter cette soufrière, d'y ajouter l'histoire des événemens rsterieurs. Il a été communiqué par le citoyen Aquart, lun d'eux , au citoyen Dupuget. Sur la soufrière de la CuOel. alpe.
Une lettre du citoyen Léonard, sur son voyage
.aux
Antilles , imprimée clansde tome second de ses oeuvres contient quelques détails .sue cette 'soufrière de la Guadeloupe. Après avoir navigué le long de la côte occidentale del'ile , frappé de la quantité de rochers noirs et: volcanisés qui bordent Je rivage., sur-tout depuis le Baillifjusqu'à Bouillante , et de la chaleur de quelques sources .q.u.'on y observe , l'auteur résolut d'aller visiter le 'grand volcan qui occupe le centre de la Guadeloupe.
Il prit sa route par Houel-Mont , monta sur un piton nommé Tarade , arriva à la: rivière Déjeuné et à la rivière Noire, et .parvint enfin près du sommet de la soufrière. Là il tassa la nuit. dans des cavernes très-
rerha.rquables. Leur entrée est un amas de ruines entassées-, élevées de près de quarante pieds au-dessus du sol. 11 faut descendre .à travers ces énormes décombres , dont toute la masse est ébranlée par le 'mouvement qu'on lui donne. Il y a, cinq salles qui communiquent l'une avec l'autre. La première' peutavoir 4,5 pieds de long sur 25 de large : la seconde n'offre qu'un monceau de terres