Journal des Mines (1795-96, volume 4)
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Dans le compte que nous allons rendre de cet ouvrage , nous nous attacherons principalement à
ce qu'il offre d'intéressant pour la géographie
physique.
Le Rhône serait navigable depuis sa sortie du lac de Genève jusqu'à la mer, si l'on parvenait à surmonter les obstacles qui se rencontrent sur un espace de j5 ài 6 mille mètres, depuis le fort de l'Ecluse jusqu'auprès de Genissiat , village situé à 2 myriamètres environ au-dessus de Seyssel. On a trouvé que ce fleuve , dans cet espace , a à-peuprès 62 mètres de pente. Cette navigation serait d'autant plus importante pour la France, que, depuis le Rhin jusqu'à la Méditerranée , il n'existe sur la frontière de l'est , aucune communication
majeure et facile avec les pays étrangers. Le
Rhône nous amenerait des fers , des résines , des fromages, des toiles, des mousselines ; il faciliterait aux Suisses l'extraction de nos denrées coloniales', de nos huiles, de nos savons, de nos vins et de nos eaux-de-vie, &c. Mais ce fleuve, qui, au-dessous de Genève , déploie un cours majestueux et remplit
un lit de So à roo mètres, se resserre tout-à-coup sous le fort l'Écluse , au point de n'avoir, plus que i5 à 3 o mètres de large , et reste ainsi encaissé jusqU'à Genissiat. Nous avons dit que ce
resserrement est dû au Mont-Jura et au MontVouache , entre lesquels ses eaux se fraient un pas-
sage étroit. L'aspect des lieux au pied du fort, est encore tel que Jules-César l'a décrit il y a plus de dix-huit siècles. C'est un défilé étroit entre le Jura et le Rhône,
qui ne permet pas à deux voitures de passer de front , et dont un petit nombre de combanans postés sur le flanc d'une montagne très-élevée quk
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le domine, pettveni aisément défendre le passae
lier angustunz et difficile inter montem Juranz et fiumezt _Rhodanum , vix qua singuli curri ducerentur ; nions autem altissimus impendebat , ut facile perpauci prohibere possint.
Le Rhône continue à couler ainsi au fond d'une tranchée profonde qu'il a creusée lui - même , soit entre les montagnes , soit dans la plaine qui leur succède. Des rochers qui surplombent sur son cours , en dérobent souvent la- vue ;. ce n'est qu'au, Parc que ces différens obstacles cessent entièrement , et que le Rhône redevient navigable, pour ne plus cesser de l'être jusqu'à la mer. Tout cet espace avait été regardé jusqu'ici commeégalement fermé à la navigation : la rapidité du: fleuve , son mugissement qui se fait entendre au loin , les profondeurs sombres dans. lesquelles il. coule , étaient autant de circonstances faites pour en imposer au jugement en agissant sur l'imagination. La tentative,du citoyen Boissel a prouvé que si ce trajet offre un petit nombre de difficultés réelles, la plupart sont imaginaires , ou qu'on en peut triompher du moins, cules envisageant de sang-froid et en sachant allier la prudence au courage. C'est ce que fera connaître la description que nous: en allons donner, en suivant ce navigateur hardi , dans le' cours de son expédition. Il avait fait construire, à SeysseI , une barque de 12 mètres de long, 3. de large, t 14. centimètres de bord, entourée extérieurement d'une bande de fer destinée à recevoir tous les chocs. Cette barque fut remontée par terre avec une peine extrême, de Seyssel à Colonges , endroit situé au-dessus du fort l'Ecluse. Là, cinq hommes s'y embarquèrent .
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