Journal des Mines (1797-98, volume 8)
Page : Image 159
Révision de 2 févr. 2015 15:52:58, edited by Anonymes
COLLINE DE CHAMPIGNY. 790 l'apparence , et si elle mérite le nom de plateau, c'est à l'endroit où elle a été fort échancrée par le
dernier des grands courans de cette vallée, dans l'un de ces coudes rentrans et opposés aux coudes saillans, qui sont si communs et si bien marqués tout le long de cette rivière. La berge très-haute qui s'était formée dans ce coude, ayant été ensuite effacée et remplacée par un talus très-raide, con-
traste tellement avec le glacis fort incliné qui vient
y aboutir, que celui-ci semble être un plateau ou du moins un pallier. Mais, pour trouver un vrai plateau sans pente sensible, il faut monter beaucoup plus haut, où l'on verra la plaine qui fut dressée et abandonnée par le grand torrent de la Marne , lorsqu'il était déjà divisé en deux branches, dont l'une passait au nord, dans la vallée de Chelles et de Bondy, et néanmoins communiquait encore avec celle-ci, par un défaut de montagne qui se trouve au-dessus
de Nogent, jusqu'à ce que ce torrent fût réduit
à la seule branche du sud, puis forcé de
se
creuser une route tortueuse pour se réunir à celui de la Seine, vers Charenton : enfin le grand et véritable plateau est un étage encore plus élevé ; c'est celui que nous a laissé le torrent lorsqu'il cessait d'être général ; c'est la haute plaine de la Brie , la pointe de cette grande presqu'île qui est restée entre les vallées et depuis les sources de la Marne et de la Seine. Revenons à la constitution intérieure de la colline de Champigny , qui termine la pointe de cette presqu'île , et nous n'en serons plus aussi
étonnés. Je l'avais vue telle à- peu près qu'elle se trouve décrite dans le n.° XXX de ce Jour, sauf la nomenclature que les chimistes ont;
COLLINE DE CHAMPIGNY.
79
adoptée depuis pour distinguer différentes matières , lesquelles , au surplus , se reconnaîtront aisément sous les noms généraux , simples ou vulgaires , que j'ai employés dans ma Nouvelle géologie.
Cette colline est effectivement un amas confus, .° de chaux carbonatée comp,icte , que j'appelle sim-
plement pierre native , en morceaux détachés et informes , mais plus ou Moins arrondis
et de
toutes grosseurs , jusqu'à la dimension de trois ou quatre décimètres. C'est pour la seule extraction de cette pierre à chaux qu'on a fait tant de fouilles, parce qu'il ne s'en trouve pas d'autre plus près de Paris ;. 2.° et, par place , de petits cailloux silex soit isolés , soit mastiqués en groupes très-curieux, qui renferment toutes les variétés de formes , de nuances et de couleurs tranchées , depuis le blanq jusqu'au rouge le plus brillant ou le plus foncé ; 3.0 et par-tout, d'une chaux carbonatée OU SuYatée grossière, ou crayeuse, tous noms que je comprends sous celui de calcaire arénacée : celle-là est censée faire le massif général , le milieu qui a inglobé et cimenté les deux premières espèces ; 4..° d'une couche ou surface très-mince de terre végétale mais tellement sableuse en quelques endroits, qu'on y trouve le sable pétrifié en moutons , les uns de grès tout pur, les autres de poudingues, ou agrégat de tous les petits cailloux mentionnés ci-dessus,
De sorte que le lithologiste peut voir toute. cette masse comme étant composée de trois espèces de brêches , une calcaire , une siliceuse, et_l'autre
de la nature du grès. Il est cependant vrai que les deux premières semblent s'être pénétrées et trèssouvent confondues, par une minéralisation ou in-
Eue 2