Révisions de la page | Historique de transcription | Journal des Mines (1803-04, volume 16)

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TABLEAU- DES MINES ET USINES

département que nous entreprenons ici de décrire, dont elle n'occupe cependant que la lisière septentrionale. Si les considérations physiques devaient seules être consultées dans la. division des grands États l'Ardenne entière pourrait former un arrondissement- bien naturel , caractérisé par la nature de -son terrain, son climat, se productions , ainsi que par les habitudes, , et la manière de vivre de ses habitans. Avant d'entrer dans le détail du département auquel l'Ardenne donne son nom, nous croyons devoir parler de l'Ardenne elle-même, que des traits si marqués distinguent de tous les pays qui l'avoisinent.

Pour trouver l'origine du nom d'Ardenne, il faut remonter à, la langue que parlaient nos

ancêtres les Gaulois, avant l'entrée des Ro-

mains dans leur pays. Suivant toute apparence, cette langue était la même que celle que parlent encore les habitans du nord de l'Écosse et ceux de l'Irlande, et qu'ils appellent eux-mêmes la langue Galique. Dans cette langue ard exprime élévation , et bhenn qu'on prononce venn , signifie montagne. Ainsi ard-venn veut dire montagne élevée (1). et de la source de l'Oise. Ce sont là ses limites du côté du Sud-ouest, mais en allant de là au Nord-est on peut la suivre sous le nom d'Ardenne , de Hautes-Fagnes et d'Eyffel, jusqu'au bord du Rhin. (i) On lit ordinairement Arduennize ; mais le 1, et l'u sont devenus des lettres différentes que dans des tems assez récens. On les employait autrefois l'une pour l'autre indiffé, qui était remment ; long-tems même on n'a connu que voyelle ou consonne , suivant que la position l'indiquait;

3o5 DE LA /PUBLIQUE, etc.. Pour l'exactitude de cette étymologie, il n'est

point nécessaire que les Ardennes soient en

effet -d'une grande élévation ; il suffit qu'elles

aient dû paraître telles aux hommes qui leur donnèrent ce nom, et c'est ce que l'on concevra facilement, si l'on considère que ces hommes

avaient sous les yeux pour objet de comparaison, d'un côté les terres basses et marécageuses de la Belgique , et de l'autre les vastes plaines de la Champagne. D'ailleurs, l'Ardenne, sans être- fort -élevée , a au plus haut degré ce caractère de rudesse et d'aspérité qui appartient aux contrées montueuses. L'observateur le moins attentif ne peut s'empêcher d'être frappé en entrant dans l'Ardenne, du contraste qui existe entre ce pays et ceux qui l'environnent de toutes parts. Vient-il du côté du midi , c'est-à-dire , de la ci-devant Champagne, il n'a parcouru pendant long-tems que des plaines , où la craie presque à nu , fatigue les yeux par sa blancheur, et attriste l'âme

par sa stérilité. y pénètre-t-il par l'Est cure-

montant la Kill il a trouvé depuis Andernach des montagnes souvent isolées et en cône tronqué , qui caractérisent les pays volcanisés dé la rive gauche chi Rhin. Arrive-t-il du nord., il a vu succéder à des bruyères, à des marais, les molles ondulations du terrain houiller. En tou-

chant à l'Ardenne, la scène change entièrement. Au lieu de la pierre calcaire blanche, jaunâtre ou bleuâtre, formant des espaces unis

on des çolines arrondies, sillonnées par des vallées assez. spacieuses , le voyageur surpris aperçoit des crêtes décharnées, d'âpres rochers