Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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ESQUISSE GÉOLOGIQUE
DE LA. SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).
qui le domine. Quand, par un temps clair, on est parvenu au sommet de cet observatoire naturel, dont l'altitude audessus du niveau de la mer est d'environ itioo mètres, on voit très-bien que le système des grès rouges détermine, dans le relief du sol de la Serrania, une espèce de gibbosité qui, commençant sur les bords du Gabriel, un peu au sud du point où l'on est placé s'étend dans la direction du pic de Ranera, que l'on distingue à l'horizon vers le. sud-est. Au
ligne tirée du pic de Ranera au sommet d'une montagne de grès vosgien située dans la partie centrale cl-u relèvement sur la rive droite du Gabriel et un peu au sud de la Cabeza est dirigée E. 31° S. O. 51° N., c'est-à-dire qu'elle est sensiblement parallèle au système du Thuringerwald dont celui-ci est contemporain.
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centre de la gibbosité s'élèvent des pitons isolés de forme conique dans lesquels les assises gréseuses sont disposées à peu près horizontalement. Ils sont flanqués, des deux côtés, par des massifs d'égale hauteur, présentant des formes abruptes du côté du redressement où sont les affleurements des couches,
se terminant au contraire vers le nord-est et le sud-ouest par de grands plateaux qui n'offrent que des pentes beaucoup
moins fortes. Ces massifs sont séparés de loin en loin par des échancrures qui, peu étendues à la base, vont en augmentant dans la hauteur. Les couches de grès s'y rencontrent infléchies dans le sens suivant lequel le plateau descend , elles présentent de plus, dans les intervalles qui les séparent, des déchirures profondes en forme de dents de scie, résultat de l'action violente qui les a disjointes. Rien n'est plus net que le redressement des assises du grès vosgien dans le sens indiqué. Nous verrons bientôt que le muschelkalk et les marnes irisées s'appuient sur ce terrain à stratification concordante et en reproduisent complètement les allures. Les calcaires jurassiques et la craie rejetés sur les flancs du redressement n'offrent, au contraire, dans leur stratification que des ondulations faibles, et.présentent, avec ces derniers, une différence tranchée que l'on saisit très-bien du sommet de la Cabeza, pourvu que l'on sache où il faut placer les affleurements des uns et des autres. Le soulèvement qui se manifeste d'une manière si apparente dans
le relief du sol de la Serrania, a donc suivi le dépôt
du
Trias et précédé celui de la formation jurassique. Or, une
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Ce ridement E. 5i° S.-0. 31°N. si nettement accusé à son extrémité occidentale, dans les environs de la Cabeza de don Pedro, peut être suivi jusqu'aux confins de la Serrania
vers le sud-est. On constate d'abord qu'au pied Même de cette montagne il est cour,é par une profonde échancrure an travers de laquelle le Ca,briel a frayé son lit entre Boniches et le Cafiizar, accident qui, partout ailleurs, attirerait l'attention, niais ne saurait la fixer en Espagne, tant il y est commun. Sur la rive gauche du fleuve, la gibbosité suit une ligne remarquablement droite, qui, comme on peut le voir sur la petite carte jointe à ce mémoire, détermine jusqu'au méridien d'Hinarejos la ligne de partage des eaux. Elle porte, dans cette partie de la Serrania 9 le nom caractéristique de Muela (*) , qui désigne un mouvement de terrain aux contours arrondis (fil. 1, Pl. IX). A la hauteur d'Hinarejos on en perd complètement la trace à la surface
du sol, car on peut aller de ce village à Landete, sans presque s'élever et sans quitter les calcaires du Jura en cou-
ches ondulées et le terrain tertiaire dont les assises sont horizontales. Il y a là, sans doute, une grande faille transversale qui, rejetant dans la profondeur tous les terrains (k) 11Iuela, littéralement meule, butte, tertre, dent molaire, expression qui, dans la langue imagée de l'Espagne, est fréquemment employée pour caractériser un groupe de montagnes aux formes mamelonnées, par opposition à celle de Sierra, qui s'applique aux chaînes dentelées. Ainsi la gibbosité placée sur les confins de la Castille, de l'Aragon et de Valence, dont la Serrania forme la partie méridionale, est fréquemment désignée, dans les descriptions orographiques de la Péninsule, sous le nom de Muela d'A lbarracin.