Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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ESQUISSE GÉOLOGIQUE
la Serrania immédiatement au dessus du terrain houiller. L'analogie peut seule, il est vrai, être invoquée à l'appui de ce rapprochement. Nous n'hésitons point toutefois à le
faire, car il y a, entre la composition du nouveau grès dépôt arénacé aux assises qui représentent en France l'époque permienne, et par exemple, à celles qui constituent la masse principale des Vosges, on est immédiatement frappé de la quantité de rapports communs qu'ils présentent. Il y a surtout une identité de, caractères lithologiques tout à fait concluante. Tels sont les motifs
qui nous ont conduit à admettre l'existence du nouveau grès rouge et du grès des Vosges dans la Serrania. Ce rapprochement est, sans doute, uniquement fondé sur l'analogie; mais il ne faut point perdre de vue qu'elle seule peut déci-
der la question, puisque jusqu'ici on n'a rencontré dans ces terrains aucun corps organisé, fossile, caractéristique. La Serrania n'est point la seule partie de l'Espagne où les conglomérats et les grès rouges inférieurs au muschelkalk se montrent avec quelque développement. On les retrouve avec des caractères
identiques à l'extrémité orientale de la Sierra Morena, dans les environs cl'Alcaraz et sur plusieurs points des provinces de Murcie
et d'Andalousie; ils entrent également dans la composition du Moncayo, l'un des pics de la Sierra d'Urbion. bans ces différentes localités, ils renferment très-fréquemment des gîtes métallifères, contemporains des assises dans lesquelles ils sont intercalés; c'est notamment dans un gisement de cette nature que l'on exploite la calamine à Alcaraz. Cette particularité est un argument de plus à l'appui de la classification que nous proposons, car on sait qu'un des caractères constants du système permien est de renfermer des minéraux métalliques variés, en couches ou en amas contemporains du dépôt du système. M. l'ingénieur Lan, qui, à la suite d'un voyage en Andalousie, a
publié dans les Annales des mines (tome XII, 50 série) une fort bonne étude sur la partie septentrionale de cette province, a ob« serve, dans la vallée du Biar, au nord-est de Séville, une formation puissante composée à sa base de conglomérats, et, dans le haut, de psammites, d'argiles et de calcaires dolomitiques. Il ne s'est point prononcé sur l'âge de ce dépôt ; il admet qu'on peut tout aussi bien le rapporter au trias qu'au système permien. Ce terrain du Biar, auquel la couleur de ses assises a valu le nom de terrain rouge, a la plus grande analogie avec celui de la Serrania, dans lequel nous voyons le représentant de l'époque permienne. Non-seulement les couches y sont disposées dans le même ordre et avec des caractères lithologiques identiques; mais, circonstance
DE LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).
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rouge des environs de Cuenca et celle que ce même terrain
présente sur d'autres points, notamment dans la région vosgienne, un ensemble de caractères communs qui ne peut appartenir qu'à des formations du même âge.
Comme dans les Vosges, le grès rouge de la Serrania renferme des conglomérats grossiers, des grès de nature variée et des argiles schisteuses avec rognons d'oxyde de fer rouge. bien remarquable, malgré la distance qui sépare Séville de Cuenca,
on retrouve, dans l'un et dans l'autre, des gîtes cuprifères à des niveaux qui paraissent se correspondre. Il y a donc une grande uniformité de composition entre ces puissants dépôts arénacés que l'on rencontre si fréquemment intercalés en Espagne entre le musche,lkalk et le terrain carbonifère ou les formations plus anciennes. Notre conviction est qu'en les étudiant avec attention sur les di-
vers points où ils sont développés, et principalement en Andalousie, on sera conduit à les rapporter définitivement à la période permienne.
A l'appui de cette manière de voir, on doit encore :-signaler l'indépendance qu'affecte assez souvent, en Espagne, le système des grès rouges par rapport aux assises triasiques. Il faut remarquer, en effet, que si les deux formations sont constamment réunies dans la Serrania, on ne trouve que la première dans les val-
lées du versant méridional de la Sierra Morena et qu'elle est terminée, d'une manière invariable, par l'étage des calcaires
dolomitiques, c'est-à-dire précisément par les couches que nous considérons comme étant placées à la limite de ces formations. La même chose se produit à Alcaraz, où les grès rouges, couronnés par les dolomies métallifères qui en dépendent, sont immédiatement recouverts par la craie. Si on réunit ces grès aux calcaires et aux marnes triasiques pour n'en faire qu'un seul et même
terrain, on éprouve quelque embarras pour expliquer la pré-
sence, dans la Sierra Morena, du membre inférieur de la formation à l'exclusion des deux autres; tandis que toute difficulté cesse au contraire, si on sépare les grès rouges du muschelkalk et des marnes irisées et qu'on considère les premières comme constituant un système complètement distinct de ceux-ci. Il y a donc de bonnes raisons pour admettre l'indépendance de ces deux groupes de couches; c'est là un argument décisif en faveur de leur séparation et de la reconnaissance de l'existence, dans l'intérieur de la Péninsule, d'un système intermédiaire entre le terrain carbonifère et le trias.