Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)

08

ESQUISSE GÉOLOGIQUE

DE LA SERRANIA DE CUENCA (ESPAGNE).

élevé, dans le grès bigarré des bords de la Sarre, aux environs de Sarrelouis. Les poudingues dépendant du grès rouge que l'on observe

au pied du pic de Ranera renferment aussi un gisement de cuivre argentifère ; mais celui-ci, au lieu d'être en couche, forme une veine atteignant rarement plus de 7 à 8 centimètres qui coupe manifestement les assises et pénètre même dans le terrain de transition. Le minerai est un cuivre

gris, antimonial; il est associé à de la pyrite cuivreuse et aux deux variétés de cuixre carbonaté. Dans cette localité, ainsi qu'au sud de Boniches, les assises du grès rouge s'appuient, à stratification nettement discordante, sur les pointements de terrain de transition que l'on y rencontre. Elles sont redressées suivant l'orientation E. 31° S.-0. 310 N. et plongent fortement clans des sens diamétralement opposés. Elles se trouvent par conséquent en rapport avec le mouvement de terrain qui traverse la Serrania en écharpe. Grès des Vosges. Composition et puissance de ce terrain

dans la Serrania. Sa division en deux étages.

Le grès

rouge, tel que nous venons de le décrire, ne comprend que la partie inférieure du puissant dépôt arénacé qui dans la Serrania, a sa place marquée immédiatement au-dessus du terrain houiller. La partie supérieure, tout en se rattachant au grès rouge par de nombreux passages, offre cependant des différences assez tranchées pour en être séparée comme formation distincte. On n'y retrouve plus ces poudingues à grandes parties si développées dans ce dernier ; les grès y sont aussi moins feldspathiques et la bigarrure des couleurs y est moins prononcée. Ce dépôt arénacé supérieur reposant sur le grès rouge et étant recouvert, sur quelques points de la contrée de Cuenca,

comme nous le montrerons bientôt, par les assises inférieures du muschelkalk, doit par suite être rapporté au grès

des Vosges ou au grès bigarré. En l'étudiant avec atten-;

409

tion, on reconnaît bien vite que, par l'ensemble de ses caractères, il se rapproche beaucoup plus du type que le premier terrain présente dans les contrées classiques de l'Alsace et de la Lorraine que du second. C'est pourquoi nous avons été conduit à l'assimiler au grès vosgien. Dans la Serrania, ce grès comprend deux étages bien distincts par leur nature : l'inférieur, de beaucoup le plus puissant, est presque exclusivement arénacé et quartzeux ; le supérieur est au contraire entièrement calcaire et dolomitique.

Les grès qui constituent l'étage inférieur, sont composés de gros grains de quartz et de quelques particules feldspa-

thiques; ils sont agglutinés par un ciment ferrugineux. Les assises sont généralement peu épaisses; mais plus cohérentes que leurs analogues des montagnes vosgiennes, elles se lèvent par plaques régulières ou dalles de grandes dimensions. Leur couleur habituelle est le rouge plus ou moins foncé; dans quelques couches cependant dominent les nuances grises ou j aunâtres. Il n'est point rare d'y rencontrer de petits galets de quartz blanc, lesquels étant disséminés à tous les niveaux dans l'étage et jusque dans les assises supérieures, excluent toute idée d'assimilation avec le grès bigarré, caractérisé surtout par la ténuité de ses éléments et tendent au contraire à le rapprocher du grès vosgien. Comme autres traits de ressemblance avec ce terrain, nous noterons la propriété que possèdent beaucoup de grès rouges dans la Serrania de miroiter lorsqu'ils sont frappés par la lumière solaire, et la présence dans le voisinage des failles, de ces roches à surfaces polies et striées vulgairement connues sous le nom de miroirs, si communes dans toutes les parties de la chaîne des Vosges qui ont été soumises à des dislocations. Ce qui vient encore compléter la similitude, ce sont les effets identiques, résultant des dégradations produites par les agents atmosphériques; rien de plus commun que de rencontrer, à la surface des bancs de grès rouge de