Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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ESQUISSE GÉOLOG EQUE
DE LA SEREANIA DE CUENCA. ( ESPAGNE).
A l'ouest de Cuenca, à la limite de la région montagneuse il acquiert un développement comparable à celui qu'il présente dans la Manche. A l'exception, en effet, de quelques pointements crétacés qui se montrent au fond des vallées, il couvre tout l'espace qui s'étend entre cette ville et Madrid.
Cette région est occupée par un plateau élevé que sillonnent de profondes coupures. Aussi, à l'inverse de ce qui se passe dans la Manche, la totalité des assises qui entrent dans la
Ions dans la construction des murs. Quant au calcaire, il forme à différents niveaux dans la formation de grandes lentilles, qui sont plus particulièrement développées vers son sommet. Un autre trait de ressemblance entre tous ces bassins lacustres résulte de la présence fréquente, dans toute la hauteur de la formation, de rognons ou de grenailles calcaires provenant de l'agrégation inégale et irrégulière de la molasse. Je signalerai enfin un dernier point de contact qui me paraît être essentiellement caractéristique. Ayant eu l'occasion d'analyser, pour l'exécution de la carte agronomique du Gers, un grand nombre de calcaires et de marnes appartenant au terrain miocène lacustre,
ainsi que des terres végétales qui le recouvrent, j'ai reconnu, dans tous les échantillons, la présence de la magnésie en quantité notable. Cette terre y est certainement moins répandue que dans la formation des marnes irisées, et elle n'y existe jamais en quantité
suffisante pour constituer de véritables dolomies ; mais on l'y trouve en proportion plus considérable que dans la généralité des calcaires, et, d'un autre côté, elle est tellement constante à tous les niveaux, qu'elle me paraît être très-propre à caractériser cette formation. Tous les calcaires lacustres miocènes de la Péninsule renferment également du carbonate de magnésie. J'ai constaté sa présence dans les marnes du bassin de l'Ébre et dans les calcaires des plateaux qui entourent la Serrania. 11 existe notamment dans la proportion de 1,6 p. 100 dans un calcaire d'un gris rosé recueilli entre Villalgordo du Jucar et llubiellos. Sous ce rapport donc encore il y a analogie complète entre la Péninsule et l'Aquitaine. E y a une relation jusqu'ici peu remarquée, bien qu'elle soit évidente, entre la présence de la magnésie clans les calcaires de l'étage lacustre miocène de l'Espagne, et l'association à ce terrain de minéraux peu communs, dans la composition desquels elle entre comme élément constitutif. Ainsi la magnésite ou écume de mer est exploitée dans les argiles de Vallecas, près de Madrid, et d'après le Traité de minéralogie de Dufrénoy, la collection de l'École des mines de Paris possède un échantillon de magnésie sulfatée provenant de Calatayud en Aragon, localité qui, comme Valle-
cas, repose sur le terrain tertiaire moyen. A l'autre extrémité de l'Espagne, au pied du Monpichel, sur la route de Chinchilla à Murcie, MM. de. Verneuil et Collomb ont également signalé l'existence
composition du terrain tertiaire moyen est-elle bien mise à jour le long de la route qui relie la capitale à Cuenca. C'est toujours la même série formée, à la base, de poudingues à grandes parties et, dans la hauteur, de calcaires marneux entre lesquels s'intercale -un puissant dépôt arénacé d'un brun rougeâtre, agrégé d'une manière très-irrégulière. On arrive, sans quitter ces couches, dont la stratification est horizontale, jusqu'aux pieds de l'escarpement rapide sur lequel la ville de Cuenca est bâtie, et comme les assises crétacées qui le constituent sont très-peu inclinées et qu'elles dominent le plateau tertiaire, il est impossible d'expliquer leur raccordement sans admettre l'existence d'une grande faille passant par le pied même de cet escarpement. Celleci est d'ailleurs très-nettement accusée dans le relief du sol et des dernières hauteurs de la route de Madrid, on voit de ce dernier sel dans les eaux de lacs entourés par la molasse ter-
tiaire, et qui, se desséchant en été, en permettent la récolte à l'état cristallin. Les minéraux magnésiens appartiennent à l'étage moyen du miocène lacustre, celui des marnes gypseuses. C'est également à ce niveau qu'on trouve d'autres minéraux à base de soude, qui sont associés à ces derniers dans leur gisement ; tels
que le sel gemme, le sulfate de soude, la Thénardite, la Cdaubérite. La présence du sel gemme au milieu du terrain lacustre de la Péninsule, quoiqu'elle soit une singularité, est aujourd'hui bien établie. Quant au sulfate de soude, il est très-répandu dans ce terrain; il forme des bancs ou plutôt des lentilles d'une certaine puissance exploitées à Alcanadra et à Andoslila, dans la vallée de l'Ébre, et il se montre également à Calatayud, à Cervera en Catalogue, à Cabezon de la Sal près de Santander, et à Calmenar de Oreja et Ciempozuelos, dans la province de Madrid. La Glaubérite ou sulfate de soude et de chaux provient de la mine de sel de Villarubia, et la Thénardite ou sulfate de soude anhydre a été rencontrée dans les environs d'Aranjuez. La plupart de ces minéraux sont propres au terrain miocène de la Péninsule, et ne se trouvent point dans le bassin du même âge, -étendu au pied septentrional des Pyrénées.