Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)

462

463

OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.

ÉMAILLAGE AU PLOMB.

L'étuve sera constituée par une longue galerie en briques

est déjà entrée en proportion notable dans la consommation.

parcourue par un chemin de fer. Les terrines humides, placées sur des chariots, entreront par un bout et ressortiront séchées par l'autre, après trois jours environ (*) Chez M. Isidore Poelman, près Lille, on doit signaler le mode d'écaillage çles lames, qui supprime tout dépouillement préliminaire à la main. Le plomb retiré des fosses est immédiatement versé dans une trémie. Il est distribué à un tamis circulaire en fer à grands jours, dans l'intérieur du-

quel sont fixées deux battes également en fer, servant à donner des chocs aux lamelles pour les battre et en détacher le carbonate. Les écailles sont reçues dans un baquet,

tandis que le plomb non oxydé tombe dans une caisse à l'extrémité du tamis. Toutes les parties de cet appareil sont hermétiquement fermées. Nous citerons pour mémoire les fabriques d'acétate de plomb, assez nombreuses en France, mais dont aucune n'a une grande importance. La préparation de ce sel est d'ailleurs moins périlleuse que celle de la céruse. Des précautions sont cependant nécessaires. Elles se réduisent le plus souvent à des soins hygiéniques. M. Boyer, à Grenelle, oblige ses hommes à se laver les mains dans une solution d'acide

sulfurique faible, toutes les fois qu'ils interrompent leur travail. M. Hardel, à Dieppedale-lez-Rouen, leur fournit pour

le même objet du savon, caustique. M. Camus, à Ivry, fait' en outre porter un masque préservateur aux ouvriers qui embarrillent l'acétate solide. Nous reviendrons sur ce détail en traitant des appareils respiratoires. Il nous reste, pour terminer ce sujet, à mentionner une tentative qui ne tendrait à rien moins qu'à faire disparaître l'emploi de la céruse : nous voulons parler de la substitution du blanc de zinc au blanc de plomb. La nouvelle couleur (1 Ce perfectionnement, en voie d'installation lors de notre visite, doit être accompli aujourd'hui.

Elle fournit, assure-t-on, des tons aussi blancs et inaltérables à l'air, même sous l'influence de l'hydrogène sulfuré.

Mais il ne paraît pas qu'elle puisse lutter d'éclat avec la céruse; en outre, il faudrait remplacer les diverses couleurs dérivées du plomb par des produits analogues tirés du zinc. La question a été partiellement résolue, mais il reste encore assez de difficultés à vaincre pour que la céruse continue à avoir un grand débouché. D'autres corps, tels que le sulfate de baryte, ont été également proposés, mais avec moins de succès que le blanc de zinc. D'ailleurs l'introduction de la céruse à l'huile, en diminuant le danger, tend à diminuer aussi l'intérêt du problème.

Émaillage au plomb. - Nous rangeons sous la dénomination générique d'émaillage plusieurs industries qui ont pour objet de fabriquer des émaux plombeux ou de les appliquer sur divers corps. Elles ont toutes un caractère commun, qui est de donner lieu à des poussières -éminemment insalubres. Les moyens d'en préserver les ouvriers varient d'ailleurs selon la nature des opérations. Chez MM. Engler et Krauss, à Paris, où l'on émaille les supports des fils télégraphiques, les émaux sont broyés dans des moulins parfaitement clos. La poussière recueillie à la partie inférieure est appliquée, soit à chaud, soit à froid, au moyen de tamis couverts agités par l'ouvrier sous une cheminée à large section et pourvue d'un bon tirage. Cette cheminée est vitrée en avant et en arrière, à la hauteur de la table qui supporte les objets à émailler ; dans le châssis vitré d'avant est ménagé une ouverture suffisante pour que l'ouvrier puisse introduire la pièce chargée du crochet rougi et le couvrir de poudre. La poussière qui tombe du tamis ainsi que les vapeurs produites par la fusion de l'émail sont emportées dans la cheminée. M. Paris, à Bercy, qui fabrique des émaux pour plusieurs