Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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SULFURE DE CARBONE.
OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
l'assainissement. Nulle part des dispositions d'ensemble
dont été adoptées. Tout se réduit à des hottes de dégagement (tout à fait insuffisantes par suite de la pesanteur spécifique des vapeurs phosphorées) au-dessus des fourneaux et des tables de trempage, et à quelques précautions
de détail parmi lesquelles nous retenons les deux suivantes :;chez M. Bernhard, à la Villette, on veille à ce que les ouvriers se lavent les mains, chaque fois qu'ils quittent le travail, avec un savon sableux très-caustique qui enlève bien le phosphore incrusté dans les pores (*). Chez
MM. Toyon, Delpit et Ci°, à Nantes, on s'est attaché à composer des pâtes beaucoup plus épaisses et plus fortes qui fixent davantage le phosphore et paraissent rendre les dégagements beaucoup moins intenses. Chez les mêmes
industriels on prend une autre précaution, étrangère au phosphore lui-même, mais qui n'en est pas moins un progrès hygiénique dans les fabriques d'allumettes. On sait que les bois, après avoir été découpés et séchés, sont portés aux ouvrières qui les assemblent de longueur dans des caisses et les repassent aux monteuses de cadres. Cet assem-
blage est accompagné d'un dégagement. de poussière de bois très-ténue qui couvre les ouvrières comme de farine et
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opérations relatives à cette industrie ne présentent aucune espèce de dangers. Le phosphore amorphe est mis en pâte avec de la colle-forte et sert à peindre le papier sur lequel l'allumette doit être frottée. Le bout de Celle-ci est formé, indépendamment du soufre, par un mélange de chlorate de potasse et de sulfure d'antimoine. Ainsi, non-seulement le trempage et le séchage sont assainis, mais le dégarnissage des cadres et la mise en boîte ne peuvent plus occasionner de ces brûlures si fréquentes avec le phosphore ordinaire. On reproche à ce produit de nécessiter l'emploi d'un papier qui s'altère à l'humidité, et qui, dans tous les cas, est mis ordinairement hors d'usage bien avant que la
boîte d'allumettes soit consommée. En outre le prix de vente est plus élevé. MM. Coignet font en ce moment tous leurs efforts pour prévenir ces reproches, qu'ils reconnaissent en partie fondés. Les derniers papiers que nous avons vus sont bien supérieurs à ceux des années précédentes. Diverses sortes d'allumettes sans phosphore ont été également proposées, mais elles se sont moins répandues que celles au phosphore amorphe. Nous citerons notamment les pâtes de M. Canouil, composées en associant le chlorate de
finit par irriter fortement leurs bronches. Chez MM. Toyou
potasse avec des éléments tels que le bichromate de potasse, le nitrate de plomb, l'oxysulfure d'antimoine, etc.
on a. soin de nettoyer préalablement les bois dans une sorte de machine à vanner avec blutoir, en sorte qu'ils arrivent à l'atelier parfaitement exempts de poussière.
Les ouvriers exposés aux vapeurs Sulfure de carbone. de sulfure de carbone sont sujets à des phénomènes mor-
Le véritable assainissement consiste dans la suppression même du phosphore blanc. Chacun connaît les allumettes au phosphore amorphe, fabriquées par M. Coignet. Les
bides d'une extrême gravité, qui peuvent même aboutir à l'aliénation mentale ou a une prostration voisine de l'idiotisme (1. A cette grave insalubrité s'ajoute le danger d'incendie dans les cas où le sulfure de carbone est manié par
(*) M. Bernhard assure qu'une grande partie des accidents provient du phosphore solide absorbé par la peau des mains durant les diverses manipulations. Nous avons vu chez Al. Bernhard un ouvrier occupé au trempage depuis dix ans et qui n'a jamais eu d'ac-
grandes masses.
cident, grâce, dit-il, à la précaution prise par lui de se savonner exactement en sortant des travaux.
(*) On doit à M. le Dr Delpech une excellente monographie de cette maladie nouvelle, Recherches sur l'intoxication spéciale (pie détermine le sulfure de carbone. 1855.