Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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OPERATIoNS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
chargé, dans la chambre même, dans des baquets à bras d'un type uniforme qu'on emporte immédiatement à un mélangeur mécanique. L'appareil est bien clos, sauf deux orifices, l'un pour l'introduction et exactement recouvert par le baquet, dont le fond mobile est enlevé aussitôt après la mise en place ; l'autre pour la vidange, par lequeï le chlo-
rure, convenablement brassé, tombe dans les barils. Les baquets étant renouvelés avant que la charge de chacun d'eux soit épuisée, l'orifice du mélangeur n'est jamais à découvert. Le blanchiment au chlore gazeux est pratiqué dans quel-
ques papeteries pour les pâtes provenant des chiffons les
plus grossiers. On se borne ordinairement à rendre les caisses hermétiques, et à ne les ouvrir que très-tard. Chez M. Paul Breton, au pont de Claix, près Grenoble, les caisses à blanchir sont de véritables armoires verticales, dont le
battant antérieur s'enlève à volonté. Tout est bien luté pendant le passage du chlore ; un jour ou deux après Far-rêt, on délute en commençant par la partie supérieure, afin
que le gaz s'échappe au-dessus de la tête des ouvriers. Quelques heures après, on peut retirer les produits.
Tabacs. - La préparation des tabacs donne lieu à diverses opérations insalubres, dont les principales ont été assainies d'une manière remarquable dans ces dernières années.
La torréfaction du tabac haché ou tabac à fumer est accompagnée d'un dégagement abondant de vapeurs ammoniacales et nicotineuses. Il y a quelques années ce travail
s'accomplissait exclusivement sur des plaques de tôle chauffées ; les ouvriers à moitié nus, debout sur le bord de ces plaques, agitaient incessamment la matière et en aspiraient toutes les émanations. Cette méthode vicieuse est encore en vigueur dans quelques manufactures ; mais à Paris, Lille, Strasbourg, Toulouse, etc., on y a substitué les
479 nouveaux torréfacteurs mécaniques (Pl. XII; fig. 4) du système Rolland (1, qui suppriment tous les inconvénients observés, et qui ne 'tarderont pas à être en usage dans toutes les manufactures de France. Nous ne décrirons pas tous les détails de cet appareil ingénieux, qui avait à satisfaire à une foule de conditions étrangères à la salubrité, telles que l'uniformité de température, le brassage sans brisures des filaments de tabacs, la continuité de la marche, etc. Nous devons nous borner à en donner une idée générale concernant notre objet. C'est un cylindre rotatif chauffé extérieurement par le rayonnement du foyer, et en outre traversé intérieurement par un courant d'air chaud. La matière entre et sort aux extrémités au moyen de trémies à soupapes, qui restent fermées hors du temps du passage. La circulation du tabac est déterminée par la rotation même du cylindre, TABACS.
grâce aux nervures hélicoïdales très-allongées dont sa surface intérieure est armée. L'air chaud, qui parcourt vivement le cylindre dans sa longueur, s'échappe clans la che-
minée en emportant toutes les vapeurs et les poussières engendrées par la torréfaction. Le séchage du tabac torréfié, qui engendrait des incon-
vénients analogues, quoique moins intenses, s'effectue maintenant dans des cylindres rotatifs, dus au même inventeur. L'air et les poussières sont aspirés par un ventilateur mécanique qui les envoie dans une cheminée en leur faisant traverser une chambre spacieuse où les poussières. se déposent. Le râpage du tabac à priser, ainsi que les opé-
rations qui s'y ratachent, ont lieu dans des appareils parfaitement clos, -qui préservent convenablement les ateliers.
Quelques autres travaux de la même industrie, présentant une certaine incommodité, n'ont pas été l'objet de_ procédés spéciaux. De ce nombre sont : époulardage ou ou(*) M. Rolland est aujourd'hui Directeur général de l'administration des Manufactures de l'État.