Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
la cheminée de l'appareil à vapeur, haute de plus de 3o mè-
tres. Les gaz sont entraînés avec une telle énergie, que l'ouvrier penché au-dessus de l'orifice ne ressent pas même de chaleur.
Coutellerie, taillanderie, aiguilles, épingles, etc. - Le repassage des lames, outils, etc., ainsi que l'empointage ou aiguisage des aiguilles et épingles, exposent les ouvriers qui s'y adonnent à diverses sortes d'affections. Quand les opérations ont lieu à sec, les poussières de grès et d'acier attaquent gravement les organes respiratoires. Divers moyens sont mis en oeuvre pour y obvier. Dans plusieurs taillandederies de la Franche-Comté, notamment chez MM. Peugeot
frères, à Valentigney, près Montbéliard, on a installé des ventilateurs du genre de ceux que nous avons déjà observés en Angleterre et en Prusse. D'autres fabricants, par exemple M. Japy, se servent de meules artificielles en émeri
et gomme laque, qui donnent moins de poussière, mais offrent d'autres inconvénients, tels que d'éclater fréquemment. Dans les ateliers de la marine, à Brest, le repassage des scies se fait au Moyen de petites meules artificielles mobiles que l'ouvrier promène sur chaque dent pour lui donner l'inclinaison voulue. La meule est entourée d'une enveloppe en fer-blanc, qui supporte à la partie inférieure une plaque
en verre dont la destination est à la fois d'éloigner les poussières et d'adoucir l'éclat des étincelles. A l'Aigle (Eure), l'empointage des aiguilles a lieu exclusivement sur des meules artificielles. MM. Anfrie et C'e protègent leurs
hommes contre les explosions au moyen d'une plaque en fonte nommée garantie, placée entre l'ouvrier et la meule, et qui intercepte ainsi une partie des poussières. Dans plusieurs fabriques d'épingles des environs de Bugles (Eure), l'ouvrier est protégé par une lame de verre. Cette disposition est loin de valoir le nouveau système de fabrication à la mécanique, qui commence à s'introduire dans
COUTELLERIE, TAILLANDERIE, AIGUILLES, ETC.
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l'industrie parisienne et qui réalise un assainissement tout à fait satisfaisant. On en peut voir un excellent spécimen chez M. A. Romeu, à Paris, qui a substitué aux anciens appareils dix machines américaines. Ces ingénieux outils accomplissent toutes les opérations ils prennent le fil de laiton enroulé sur la bobine et le rendent sous forme d'épingles parfaitement terminées. L'empointage s'opère entre des tambours dans une caisse bien close. Dans la coutellerie française, le repassage se fait exclusivement à la voie humide. Tantôt la meule est continuellement humectée par un filet d'eau, tantôt elle appuie par sa partie postérieure contre un tampon mouillé ou elle plonge dans un baquet. Dès lors les poussières sont à peu près supprimées. Par contre l'ouvrier est exposé aux maladies qu'engendre le contact permanent de l'eau (*) . Aucun procédé spécial n'est en usage pour les prévenir. Les poussières se produisent encore, mais à de rares intervalles, quand on procède au retaillage des meules. Cette opération qui, d'ordinaire, passe presque inaperçue, prend une certaine importance dans les ateliers où il faut conserver exactement aux meules un certain profil, comme dans les manufactures d'armes. Le ritlage, qui consiste à rafraîchir les cannelures, se pratique habituellement chaque jour et sur toutes les meules à la fois. 11 se produit alors pendant environ une demi-heure une poussière très-abondante qu'on ne peut respirer impunément. A Châtellerault, les meules sont en partie renfermées dans des enveloppes de bois qui communiquent avec un conduit souterrain à l'extrémité duquel
(*) Les ouvriers français ont une répugnance bien prononcée pour le repassage à sec, quoique le travail soit plus rapide et qu'ils soient payés à la pièce. M. Mermillot, à Châtellerault, avait fait monter une meule anglaise avec ventilateur, mais les hommes ont refusé de s'en servir. MM. Anfrie àl'Aigle ont dû, pour le même motif,
renoncer à une installation semblable pour l'aiguisage des aiguilles.