Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)

OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.

NETTOYAGE DES CHIFFONS.

-agit un ventilateur puissant. Celui-ci, mis en mouvement pendant la durée du nuage, aspire toutes les poussières et les rejette sur la 'Vienne. Mais il existe, indépendamment du mode d'aiguisage, une cause grave de maladie pour les ouvriers : nous voulons parler de l'habitude prise dans les principaux centres de coutellerie de faire le repassage en se tenant couché sur la poitrine, de façon que le corps appuie de tout son poids

fin. Cette dernière précaution a rendu moins utile le ventilateur qu'on y avait d'abord installé, et auquel on a fini par

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sur la meule placée au-dessous. Il y a tel aiguisage de lames pendant lequel on voit par moment le corps de l'ouvrier se soulever en entier et porter exclusivement sur la pointe des

pieds et sur l'outil pressé contre la meule. Il paraît certain que de cette façon le travail marche plus rapidement et que l'ouvrier gagne davantage, mais il achète durement ce surcroît de salaire par l'aplatissement de la poitrine qui en est presque toujours la suite. Cette fâcheuse pratique est en vigueur chez les 16 ou 1.7oo émouleurs de Thiers, à Les fabriques de Châtellerault Langres, à Nogent, etc,

ont eu le bon esprit d'y renoncer, et la maison Charrière revendique la louable initiative d'avoir réformé ce travail à Paris. Nelloyage des chiffons.

Cette opération, pratiquée en

grand dans les papeteries, donne lieu à un fort dégagement d'impuretés qui, à la longue, agissent sur les ouvrières. On a imaginé divers procédés pour améliorer cet état de choses. Ainsi, la machine connue sous le nom de loup ou diable, accolée à un blutoir mécanique, a pour objet de les dégager dans des locaux séparés. Nous n'insisterons

pas sur ce progrès, de date déjà ancienne, et qui d'ailleurs a besoin d'être complété par des dispositions additionnelles.

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renoncer.

M. Paul Breton, au Pont-de-Claix (Isère) , s'est préoccupé d'assainir dans sa papeterie toutes les manipulations qui s'exercent sur les chiffons depuis leur mise en tas jusqu'au lessivage. Le démontage des tas donne lieu à plusieurs in-.

convénients : la poussière, les émanations malsaines, les insectes, etc. Afin de les prévenir, M. Breton a soin de faire arroser les tas, au fur et à mesure de leur formation, par une solution de chlorure de chaux à raison d'un demi-litre environ par mètre quarré de surface pour une épaisseur de

5o centimètres. Il n'en résulte aucune humidité dans la masse, et la salubrité y gagne beaucoup. Les chiffons sont ensuite passés dans une sorte de machine à vanner munie d'un ventilateur. Les poussières sont envoyées dans une ga-

lerie de 5 à 6 mètres de long, où elles se déposent en grande partie. L'orifice de sortie, sur le canal de fuite, est muni transversalement d'un tuyau percé de trous qui fournit une sorte de rideau de pluie sous lequel le reste de la poussière est abattu. De là les chiffons vont au triage et au loup, comme dans les autres papeteries (*). Indépendamment de ce nettoyage préliminaire, les chiffons

particulièrement sales et grossiers, ceux d'Afrique, par exemple , subissent un lessivage sommaire. On les fait bouillir avec de la chaux mélangée d'un peu de soude, la soude agissant ici comme intermédiaire pour faciliter la formation des savons calcaires et se régénérant indéfiniment ; puis on les rince dans une roue, pendant une durée de 5o à 6o minutes, on les fait sécher et on les envoie au triage. Grâce à l'ensemble de ces dispositions, l'insalubrité

Chez MM. Lacroix , à Saint-Cybard, près Angoulême, l'appareil

est contenu dans une chambre bien close, et pour que les ouvriers soient dispensés d'y mettre les pieds, les chiffons nettoyés sont ramenés au dehors au moyen d'une toile sans

(*) Lors de notre visite, on installait un ventilateur pour desser-

vir le loup.