Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
faire disparaître ces inconvénients en remplaçant le mouillage à chaud par le nouveau système de mouillage à froid,
breveté par M. Simon Boucher, filateur à Warchin, près Tournai. M. Lepercq avait même monté toute sa filature d'après ce procédé, et il a marché ainsi pendant deux ou trois mois. Mais il y a renoncé pour. des motifs qui touchent à l'économie et à la qualité des produits. Ses confrères du Nord ont fait comme lui, après des es,sais moins complets. En regard de la défaveur générale qui paraît s'être attachée à une tentative si louable d'ailleurs au point de vue de l'hy-
giène publique, il convient de dire que l'inventeur maintient depuis trois ans 6. 000 broches en activité d'après ce système, et qu'il déclare ses intérêts industriels pleinement sauvegardés. Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur la valeur des arguments techniques donnés de part et d'autre ; nous nous bornerons à les consigner dans la Note b.
Signalons en terminant une particularité de la manufacture de M. Cosserat à Amiens, particularité qui constitue une amélioration sensible pour les ouvrières. Chaque rangée de bobines est garnie d'un tablier en bois qui peut se rele-
ver ou s'abaisser à volonté en tournant autour d'une charnière horizontale. Une fois les bobines en train, l'ouvrière relève le tablier et se trouve ainsi préservée d'une grande partie des gouttelettes projetées pendant la rotation. On s'étonne qu'un moyen si simple ne se soit pas généralisé. Les manufactures de coton sont, au point de vue de l'hygiène, beaucoup plus satisfaisantes que celles de lin. On trouve en Normandie et en Alsace des établissements qui ne le cèdent en rien à ceux des autres pays. Les opérations insalubres sont l'ouverture et le battage du coton ainsi que le nettoyage des cardes. Les deux premières s'effectuent à l'aide
de machines dites batteurs-ouvreurs et batteurs-étaleurs, pourvues à l'intérieur de ventilateurs puissants qui aspirent toutes les poussières et les déchets de coton pour les rejeter
LIN, CHANVRE, ET COTON.
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hors des ateliers. Nous ne mentionnons ces appareils que pour mémoire, car leur usage est devenu tout à fait général et a d'ailleurs été inspiré par des motifs étrangers à la salubrité. Le seul point sur lequel nous ayons à nous arrêter est relatif au mode d'expulsion des poussières : car si l'on se borne, par exemple, ainsi que cela arrive trop Souvent, à les rejeter à l'air libre, dans le voisinage des salles de travail, elles y rentrent inévitablement par les portes ou les fenêtres, et l'incommodité reparaît sous une autre forme. Chez M. Octave Fauquet, à Oissel (Seine-Inférieure) , les ventilateurs déchargent dans une grande cave en relation avec deux cheminées de 8 mètres de haut qui dépassent le faîte des ateliers disposés au rez-de-chaussée. Chez MM. Werhlin, Hofer et Cie à Mulhouse, la cave débouche dans une galerie souterraine a :travers un treillage en bois formé de barreaux juxtaposés à 7 à 8 millimètres de distance qui arrêtent la plus grande partie des filaments. La meilleure disposition que nous avons vue est celle de M. Saladin, à Nancy : la cave
à poussières a 5o mètres de long et 15 mètres quarrés section ;
la vitesse de l'air y est si faible que toutes les
poussières se déposent avant la sortie.
Le nettoyage des cardes a été l'objet de diverses améliorations. Chez MM. Dollfus, Mieg et Cie, à Dornach, près Mulhouse, les chapeaux des cardes sont mobiles et nettoyés
par une brosse qui n'est autre qu'un tambour garni de pointes fixes tournant horizontalement sous une enveloppe en tôle dans laquelle agit un ventilateur. Chez M. Schlumberger, ce sont les rouleaux qu'on enlève et qu'on enferme dans une caisse ventilée où se meut la brosse en hélice enroulée sur un tambour horizontal. La préparation de la ouate donne lieu à des inconvénients analogues. Les premières opérations, effilochage et battage, dégagent des poussières d'autant plus incommodes que l'on opère fréquemment sur des cotons teints. La plupart des industriels ne cherchent pas à en garantir les ateliers. On