Annales des Mines (1866, série 6, volume 9)
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OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
en les trempant dans l'eau chauffée à Go ou 70 degrés ; ces bords s'adaptent alors parfaitement sur le visage, et lorsqu'ils sont refroidis, ils reprennent leur consistance en maintenant un complet isolement avec le dehors. Quant à la flanelle à travers laquelle s'effectue la respiration elle doit être toujours humectée : il suffit pour cela de plonger le tam-
bour et de le secouer avant de l'employer. Quelques industriels font usage de cet appareil qui a été livré par M. Paris à la vente publique. Une invention un peu semblable est due au sieur Poirel, ancien ouvrier meulier à la Ferté-sous-Jouarre. Elle a été faite en vue de remédier aux inconvénients très-graves
qu'entraîne le piquage des meules. Cette opération est accompagnée d'un dégagement considérable de poussières
de grès et d'acier qui au bout d'une dizaine d'années détermine des maladies souvent mortelles. La population ouvrière de la Ferté est décimée par cette cause d'insalubrité. Les patrons viennent d'en atténuer les ravages en remplaçant les anciens ateliers fermés par de vastes hangars grillés
où les ouvriers travaillent à peu près au grand air. L'absorption des poussières est naturellement diminuée, mais elle ne laisse pas de produire encore de funestes effets. L'appareil Poirel, dit absorbant hydraulique (Pl. XII, fiy. 5), se compose essentiellement d'un masque supportant un petit
réservoir d'eau à travers lequel se fait l'aspiration, et surmonté d'une soupape par laquelle se fait l'expiration. Les poussières les plus ténues sont absorbées par la mince nappe liquide que l'air est obligé de traverser. L'eau est renouvelée toutes les deux heures en moyenne et on la voit alors fortement chargée de matières étrangères. Malgré l'efficacité incontestable de cet absorbant, six ou huit ouvriers à peine s'en servent régulièrement, à cause du poids et de la gêne qui en résultent pour eux. Le même motif l'a fait abandonner chez MM. Firmin Didot, où les ouvriers chargés du nettoyage des chiffons l'avaient d'abord adopté,
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APPAREILS A PROTÉGER I.ES ORGANES RESPIRATOIRES.
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ainsi que chez divers fabricants de céruse, MM. Orsat, Bezançon, etc.
Ces divers appareils ne préservent que des poussières. Celui qui vient d'être inventé par M. Galibert et qui jouit déjà d'une certaine popularité, a pour objet de mettre à l'abri des dangers de tout milieu non respirable, quelle que soit la nature de l'insalubrité. Il consiste en un masque respiratoire proprement dit, communiquant avec un réservoir d'air que l'opérateur emporte avec lui partout où il a besoin de pénétrer. L'outre ou vessie servant de ré-
servoir ,est par elle-même très-légère. On la gonfle en quelques secondes au moyen d'un soufflet, et on introduit
quatre-vingt litres d'air dans cette sorte de ballon, que l'opérateur fixe sur son dos, comme une hotte, à l'aide de bretelles et d'un ceinturon. La communication est établie au moyen de deux tuyaux de caoutchouc aboutissant, celui d'aspiration dans le bas du réservoir, et celui d'expiration dans le haut. Dans ces conditions, la provision de quatrevingt litres paraît suffire pour une demi-heure. Du reste, l'opérateur ayant un long travail à accomplir pourrait emporter plusieurs appareils de rechange ainsi gonflés. Cette invention a été l'objet de plusieurs expériences publiques qui ont eu un assez grand retentissement (*). Diverses compagnies (*) Nous citerons celle du 9 août 186A, qui a eu lieu à la caserne des pompiers du Château d'eau, en présence de M. le général de division Ulrich. Une cave avait été remplie de fumée. «M. Galibert, dit le moniteur du 25 août, est descendu dans cette cave et y est
« demeuré un temps très-notable. Aucune trace de souffrance ne c, se lisait sur sa physionomie, lorsqu'il est sorti de ce séjour as« phyxiant. Des expériences analogues ont été répétées le 8 janvier 1865 dans l'hôtel de la Société générale, et le 27 avril dans la caserne de la rue
Culture Sainte-Catherine, en présence d'hommes compétents. Des personnes étrangères au maniement de l'appareil, de simples sapeurs pompiers, ont tour à tour pénétré dansdes caveaux pleins d'acide sulfureux ou de fumées irritantes et ont pu y faire impunément des séjours de dix et quinze minutes.