Annales des Mines (1866, série 6, volume 10)
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INFECTION DU SOL.
provenant de la rue, la ville de Paris est assurément sans rivale. Mais il n'en est pas de même de l'enlèvement des débris domestiques. Paris est sous ce rapport moins avancé que certaines villes de province, entre autres Lyon et Bordeaux. En effet, à Paris, les débris domestiques, que des tombereaux doivent emporter chaque matin, de six à huit heures en été et de sept à neuf heures en hiver, sont admis sur la voie publique dès la veille au soir (*). Le motif de cette coutume est de laisser à l'industrie du chiffonnage le moyen de s'exercer. On a agité, il y a quelques années, la
question de savoir si l'on supprimerait cette industrie, mais des considératimis étrangères à la salubrité publique ont fait écarter toute mesure radicale à cet égard (Note 1),
en sorte que le chiffonnage continue à s'exercer dans la plupart des quartiers de la ville. Les résidus domestiques restent donc exposés un long temps sur la voie publique. Diverses causes, le piétinement des chevaux, le roulement des voitures, la pluie et le vent, le chiffonnage lui-même tendent à disperser incessamment ces résidus et à les faire pénétrer dans les interstices du sol. A Lyon, ces inconvénients sont prévenus par suite des dernières mesures administratives. Aux termes des règlements en vigueur, « les (i ordures, immondices, paille et résidus quelconques pro: venant de l'intérieur des habitations ne devront jamais être déposés sur le sol des rues, mais versés directement « par les habitants dans les tombereaux du nettoiement, ou déposés par eux dans des seaux qui seront placés à l'entrée des allées. Les seaux doivent être en métal, munis d'une anse solide et d'une capacité de 5o litres au plus. « Es devront être enlevés dans le délai d'un quart d'heure
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« après le passage des tombereaux. » A Bordeaux, pareillement, les immondices ne sont pas admis d'avance sur la voie publique; mais au moment du passage du tombereau une cloche avertit les habitants, qui descendent alors leurs baquets à ordures et les rentrent aussitôt après les avoir vidés. Dans les beaux quartiers, où l'on tient la main à la stricte exécution de la consigne, l'opération s'accomplit en quelques minutes et la rue demeure parfaitement nette. A Paris, M. le préfet de la Seine avait en vue d'introduire une innovation qui n'a pas encore été réalisée, mais qui constituerait un très-grand perfectionnement, car elle supprimerait du même coup le séjour des résidus domestiques sur la voie publique et la circulation des voitures destinées à les emporter; elle consisterait à faire faire désormais le service par l'intermédiaire des égouts (*). Quoi qu'il en soit de l'avenir de ce projet, on doit souhaiter que provisoirement on applique du moins dans la capitale les mêmes mesures qu'à Lyon et à Bordeaux. Divers. Nous mentionnons pour mémoire deux autres, moyens d'assainissement du sol, dont l'un a beaucoup perdu de son importance, et dont l'autre, au contraire, en acquiert chaque jour davantage : nous voulons parler des puits et des plantations. Les premiers, quand l'eau s'y renouvelle sou-
vent, tendent à entretenir dans l'intérieur du terrain une (*) Afin de mieux assurer la propreté et l'assainissement de la ic ville, dit M. le Préfet dans son rapport au conseil municipal, ne pourrait-on pas ouvrir, dans les cours des maisons, des trémies « Par lesquelles toutes ces saletés seraient descendues dans les ga-
leries, où l'on recueillerait pour le transporter. au loin, sans (*) Réglemenbirement les résidus ne devraient être déposés sur la voie publique qu'A partir de quatre heures du matin; mais en fait, on les tolère beaucoup plus tôt, après la sortie des spectacles
dans les grands quartiers, et dès dix heures du soir dans les a utres.
offenser la vue et l'odorat du public, ce quo les chasses d'eau ne « suffiraient pas à enlever? On ne rencontrerait plus alors ces tom-
bereaux sordides et infects qui s'arrêtent à chaque pas dans ks « rues, interrompent la course des autres voitures, et répandent sur leur route les débris sans nom qu'ils contiennent et les émana« dons révoltantes qui s'en exhalent. »