Annales des Mines (1866, série 6, volume 10)
Page : Image 54
Révision de 22 nov. 2014 07:48:05, edited by Anonymes
86
87
INFECTION DU SOL.
DRAINAGE PRIVÉ.
sauce des moyens d'évacuation dont elles disposent, s'efface
mier ordre, comme Lyon, Bordeaux, Marseille, on nomme les rues où ce perfectionnement existe : ce sont celles qui ont été bâties depuis peu sous l'influence de l'élan donné par les
naturellement à mesure que la canalisation prend plus d'étendue. Les habitants, de leur côté, peu empressés. d'abord à rompre de vieilles habitudes, commencent à comprendre que l'intérêt de la maison, non moins que celui de la voie publique, commande impérieusement l'écoulement souterrain des résidus domestiques. Le principe- du drainage est donc admis à peu près partout. Malheureusement, les faits sont loin d'avoir répondu au progrès des idées.
A Paris même où, aux termes de la loi, cette communication est obligatoire (*), un sixième à peine des maisons, environ g. 000 sur 5 6. 000, s'évacuent directement aux égouts.
En province, où sauf de rares exceptions, le drainage est facultatif, il a dû prendre encore bien moins d'extension. Deux circonstances y ont surtout mis obstacle : d'une part, 110uS l'avons dit, l'insuffisance de la canalisation publique, d'autre part la mise de fonds qu'entraîne une première installation (") ; aussi le nombre des habitations drainées à ce jour est-il tout à fait insignifiant. Dans des cités de pre« Une pareille tolérance aggraverait sensiblement le mal que nous venons de signaler, surtout dans une ville où il n'existe pas en-core de distribution d'eau pour opérer un lavage complet des ruisseaux et des égouts. » (*) L'article 6 du décret du 26 mars 1852 sur la grande voirie de Paris, porte que toute construction nouvelle, dans une rue pourvue d'égout, doit être disposée de manière .à y conduire les eaux pluviales et ménagères. La même disposition doit être prise pour toute maison ancienne, en cas de grosses réparations et, en tout cas, avant dix ans. ri Nul ne doute que ce ne soit ce motif qui a suscité à Paris les difficultés dont le Moniteur du 9 janvier 1864 se plaignait en ces termes : « L'application de l'art. 6 du décret du 26 mars 85,2, celatif à l'écoulement souterrain des eaux pluviales et ménagères, a
donné et donne toujours lieu, dans Paris, à beaucoup de difficultés. Les propriétaires n'ont pas bien compris, tout d'abord, qu'il s'agissait de résoudre une question de salubrité de premier « ordre, et c'est seulement sous la contrainte de l'administration
grands travaux de Paris (*). A Nantes, à Strasbourg, Lille, etc., nous ne pensons, pas qu'un seul quartier se trouve dans ce cas. Des villes de moindre importance ont des fortunes diverses : quelques-unes, en très-petit nombre, Nancy, Saint-Étienne, Metz, ont poursuivi le drainage privé
avec un esprit d'initiative et d'ensemble qu'on ne, se. se-
rait pas attendu à y rencontrer.; d'autres, comme les grandes villes que nous citions tout à l'heure, ont bâti quelques quartiers avec les recherches modernes ; le reste);, c'est-à-dire la très-grande majorité, en est totalement dé,-
pourvu. Là, dans les rues les plus élégantes, les eaux ménagères pourrissent dans les ruisseaux en dégageant des odeurs pestilentielles et pénètrent lentement dans le sol à travers les joints (les pavés. Les résidus solides qu'elles abandonnent en se desséchant, mêlés aux débris
de la rue, forment souvent des barrages naturels derrière lesquels de nouvelles eaux s'accumulent en flaques impures et repoussantes. Cette situation s'aggrave encore singulièrement lorsque des établissements industriels en-
voient leurs liquides chauds et saturés d'agents chimiques (**). qu'ils se sont décidés, pour la plupart, à exécuter les travaux nécessaires. Cependant, depuis le 26 mars 1862, terme du délai de dix ans passé lequel ces travaux sont devenus obligatoires, plu« sieurs des rues principales ont été canalisées à peu près complétement. » (») A Lyon, on établit aussi le drainage dans les maisons anciennes qui subissent de grosses réparations. (5*) A ces inconvénients, il faudrait joindre ceux que la gelée entraîne pour la circulation, ainsi que le faisait ressortir le Moniteur déjà cité du 9 janvier 18611, en vue de stimuler les propriétaires trop peu empressés de Paris. « Voici, dit la feuille officielle, ce qui « se passe en temps de gelée, comme chacun peut le constater au-