Annales des Mines (1866, série 6, volume 10)
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INFECTION DU SOL.
DRAINAGE PRIVÉ.
Malgré ces faits, avons-nous dit, le principe du drainage privé paraît aujourd'hui admis sans conteste. Mais si l'on est d'accord sur son opportunité, on ne l'est pas encore sur la nature exacte de sa fonction. Doit-on envoyer aux égouts seulement les eaux pluviales et ménagères, ou doit-on y envoyer aussi les matières fécales? Tel est le point sur lequel l'opinion se divise. Les uns, de beaucoup les plus nombreux, veulent que les matières. fécales soient proscrites absolument. Leur admission compromettrait gravement, selon eux, la salubrité des galeries, et par suite celle de la surface par les exhalaisons méphitiques qui s'y feraient jour. En outre on priverait. l'agriculture d'un précieux engrais, qui ne servirait plus qu'a grossir le flot des impuretés qui vont souiller les rivières. On répond à cela que la salubrité publique est bien plus intéressée encore à la suppression des fosses d'aisances, qui infectent à la fois le sol,
D'ailleurs, l'assainissement des galeries n'est pas incompatible avec l'admission des matières fécales ; pour en prévenir les fâcheux effets, il suffit d'un prompt écoulement et d'une distribution d'eau abondante, conditions que doivent réaliser les villes modernes. Quant à l'intérêt agricole, il est beaucoup moins en jeu qu'on ne le croit. Déjà, par les eaux-vannes, désinfectées ou non, la plus grande partie de
les eaux et l'atmosphère, et dont la vidange est pour les habitants une source d'incommodités, de périls même. « jourd'hui, dans le nombre malheureusement trop grand des rues « qui ne sont pas canalisées ou qui ne le sont qu'en partie. « Le même filet d'eau sortant de chaque gargouille, s'accumule dans le ruisseau en s'y congelant, de sorte qu'au bout de peu « de jours une zone de glace d'un mètre ou d'un mètre et demi de largeur se développe le long de chaque trottoir. Si la gelée est « accompagnée de neige, cette neige fond sur les toits au moindre rayon de soleil et vient s'ajouter aux eaux ménagères qui se congèlent dans le ruisseau. 11 n'est pas rare, en pareil cas, de voir « les rues entièrement couvertes de glace fondante, au grand dé« triment de la circulation des veitures et des piétons. Tous les « efforts faits pour opérer le déglaçage sont impuissants pour apporter un remède à cet état de choses..... « La glace brisée et enlevée se reproduit sous les pieds des
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la matière fertilisante s'en va à l'égout au moment de la vidange; le reste, par les désastreux procédés de la conversion en poudrette , conserve à peine le dixième de ses éléments actifs. Ainsi, c'est pour sauver un vingtième peutêtre de l'engrais primitif qu'on se refuse à une mesure que commandent si impérieusement les règles de l'hygiène, les convenances de la voie publique et l'agrément de l'habitation. Telles sont les considérations que font justement valoir les partisans de l'admission directe des matières fécales
aux égouts. A côté de cette opinion s'en est formée une troisième qui, au fond, n'en diffère guère, et qui a réuni des adhésions importantes : c'est celle qui a en vue de faire parvenir les matières aux égouts par l'intermédiaire d'un appa-
reil filtrant qui retient les parties trop consistantes pour passer à travers le filtre. On admet, d'ailleurs, que par le progrès -des moeurs et l'usage de plus en plus répandu de l'eau dans les cabinets, ces appareils finiront par laisser passer à. peu près toutes les matières, en sorte que leur office se réduira réellement à retenir les corps étrangers, papiers, chiffons, etc., et surtout à enlever aux déjections leur forme
naturelle. C'est une concession, sinon à la salubrité, du moins à la convenance des galeries. L'intention est excel-
cantonniers. A peine a-t- on saupoudré de cendre le ruisseau glacé,
lente, mais est-ce bien la peine d'introduire une complication qui compromet nécessairement, dans une certaine mesure, le
tau l de glace qui en sort, et que le piéton trouve à chaque pas sur nos plus beaux trottoirs. »
but principal qu'on veut atteindre? Sans doute, dans les maisons qui emploient l'eau abondamment, la quantité de matières arrêtées par le filtre sera très-faible : elle suffira pourtant à entretenir au bas du tuyau un foyer d'infection,
« que le mince filet d'eau qui sort des maisons recouvre d'une « nappe glissante toutes les aspérités de cette poussière. Nous ne « parlons pas des gargouilles obstruées par la gelée, ni de l'éven-