Annales des Mines (1866, série 6, volume 10)
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REVUE DE GÉOLOGIE.
La fusion, dans un creuset brasqué, du péridot et de la lherzolite donne un fer très-analogue à celui des météorites et contenant aussi du nickel et du phosphore à l'état de phosphure. De nombreux détails de la structure intime des météorites, tels
ROCHES. 579 est sans doute prédominant à une certaine profondeur. Son importance s'étendrait aussi bien à notre globe qu'au reste du système planétaire, autant du moins que l'on peut juger de ce dernier par les échantillons qui nous en arrivent ; les roches à base de péridot
que la structure globulaire et les surfaces de frottement, ont pu
méritent donc de prendre dorénavant un rang particulier et con-
aussi être obtenus artificiellement. Du reste, s'il y a eu réduction, il est probable que l'agent réduc-
sidérable dans la classification générale de la lithologie, ou, en leur
teur aurait été l'hydrogène plutôt que le carbone; car, l'hydro-
de famille périclotique.
gène, à la température du rouge, sépare le fer métallique du pyroxène ou de la lherzolite. La serpentine, fondue avec addition de magnésie, a donné du péridot et de l'enstatite ; le même résultat a été obtenu par la fusion pure et simple de la serpentine dans des creusets de terre ;
D'ailleurs, si ces météorites peuvent être imitées par la fusion du péridot ou de la lherzolite au milieu d'une atmosphère réductrice, on peut aussi, et à plus juste titre, peut-être, imaginer l'effet inverse, et attribuer leur origine à l'oxydation incomplète d'un mélange contenant du silicium, du magnésium et du fer. A l'appui de cette hypothèse, M. D a u brée a traité, dans un creuset incomplètement fermé, avec une brasque de magnésie, du siliciure de fer, et cette opération, véritable scorification, a fourni du fer, tant à l'état métallique qu'à l'état de silicate de protoxyde et du péridot libre. En ajoutant du nickel au mélange, on reconnaît qu'il se concentre dans le fer et ne se retrouve pas dans le péridot, comme on le constate aussi dans les météorites. Si l'on cherche à tirer de ces expériences quelques conclusions applicables à notre planète, on est conduit à attribuer les roches de péridot à une scorification opérée sur notre globe à une époque extrêmement reculée, et sous une influence oxydante plus complète que celle qui a agi sur les météorites, puisque le fer métallique a disparu. Le péridot mériterait donc d'être considéré en quelque sorte
cette fusion a mis aussi en évidence des traces de nickel et de chrome. D'après M. D au b rée, la serpentine doit donc être rapprochée par sa constitution des météorites, au même titre que le pé-
ridot et la lherzolite, auxquels, d'ailleurs, elle présente souvent des passages.
Les roches de péridot paraissent jouer, dans la profondeur, un rôle beaucoup plus considérable que celui qu'elles remplissent dans l'écorce du globe; ainsi le basalte en apporte toujours de nombreux fragments dont quelques-uns sont anguleux et semblent dé-
tachés d'une grande masse. La dunite, roche rencontrée récemment en massifs dans la Nouvelle-Zélande (1), est formée de péridot et de chromite, comme la météorite de Chassigny. En outre, le péridot est le plus basique des silicates, il a la densité la plus forte (3,54 à 5,35) et il cristallise plus facilement que les autres par voie sèche. Si nous ne le rencontrons pas en grande abondance à la surface du globe, c'est d'abord que clans l'évolution très-complexe que notre planète a subie sous l'influence de l'Océan, les
masses péridotiques ont été recouvertes par des roches d'une autre origine et sur de grandes épaisseurs ; ensuite il n'y a pas
à s'étonner si les roches de péridot ne sont pas arrivées plus fréquemment et plus abondamment de la profondeur jusqu'à la surface ; les expériences montrent, en effet, que le péridot s'empare avec avidité d'une plus grande proportion de silice, qu'il soustrait même aux parois du creuset, pour se convertir en un bisilicate, tel que l'enstatite ou le pyroxène. <, On est donc amené à reconnaître, dit M. Da u brée, que le rôle de ces roches de péridot si restreint à la surface de la terre,
annexant la serpentine, on pourrait les comprendre sous le nom
comme la scorie universelle.