Annales des Mines (1867, série 6, volume 12)
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GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE..
notions sur les archipels et les grands continents qui avoisinent la petite île dont nous allons nous occuper. Groupe des îles .Loyalty. Wou, Mare et Ouvéa sont les noms des trois îles qui composent ce groupe; cet archipel a, cette constitution curieuse et particulière à l'Océanie ; il est essentiellement formé d'immenses bancs madréporiques qui s'élèvent au-dessus de la mer de Llo mètres ou 5o mètres, et dont le pied descend jusqu'à plusieurs centaines de mètres au-dessous de la surface des eaux. Cependant aujourd'hui les madrépores végètent autour des îles qui les abritent, ne peuvent vivre que dans l'eau de mer et à quelques mètres seulement de sa surface ; mais si, aux époques éloignées où ces ' laborieux et innombrables travailleurs élevaient ces gigantesques édifices, leur existence était soumise aux mêmes lois que maintenant, nous sommes forcés d'accepter cette théorie, c'est que dans ces parages le terres se sont abaissées, mais assez lentement pour permettre aux coraux de s'élever en même temps ; enfin, les terres ne descendirent plus, au contraire même, un mouve-
GÉOLOGIE DE LA NOUVELLE-CAÉÉDONIE.
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Le sol de ces îles est un calcaire très-analogue à celui qui recouvre la plupart des montagnes des presqu'îles de Nouméa, de Païta et des îlots qui leur font face ; à Lifou, des lithophages ont tracé de toute part leurs sillons au milieu de ces calcaires récents ; enfin, si l'on s'enfonce audessous du sol, on y rencontre d'abord d'abondants fossiles; malheureusement, aucune fouille ayant un but scientifique n'a encore été faite au milieu de ces coraux anciens
transformés; cependant, quels documents précieux pour l'histoire de cette époque, si voisine de la nôtre, on trouverait ensevelis au milieu de ces innombrables débris d'infusoires ou conservés dans les vastes cavernes que renferment souvent les bancs de corail ! Ce qui prouve du reste l'existence de ces grottes souterraines, c'est que souvent le tou-
riste qui parcourt ces îles entend ses pas résonner sous la A ce sujet, je me souviens que, recueillant un jour terre. des coquillages fossiles en Nouvelle-Calédonie, un naturel de Lifou, qui m'accompagnait, me voyant mettre tant de soins à mes recherches, me dit
ment ascendant eut lieu; mais, par suite de ce mouve-
« Viens à Lifou et je te montrerai dans la pierre des mil-
ment, les madrépores se trouvèrent bientôt hors de l'eau et périrent, formant de leurs débris la couche superficielle de ces vastes plateaux, sur lesquels maintenant poussent avec
« liers de coquillages bien plus beaux que ceux-ci, des « poissons et des animaux comme il y en a dans la mer. »
force des forêts de cocotiers, ombrageant les cases d'hommes
nombreux qu'ils nourrissent en partie de leurs fruits.
Ce fait du mouvement lent et prolongé d'une terre, quoique étonnant au premier abord, a été constaté cependant plusieurs fois, et dernièrement encore (1865), dans une lecture géologique faite devant la société philosophique de la Nouvelle-Galle du Sud par le géologue du gouverne-
ment, le docteur Clarke, on apprenait que, à la suite de -différentes observations astronomiques, on avait constaté que l'emplacement sur lequel s'élève l'observatoire de Sydney et probablement la contrée entière, jouissait d'un mouvement de haut en bas, très--lent, niais continu.
Je n'ai pas eu le loisir de le suivre jusqu'à Lifou, et les fossiles que j'ai pu rapporter de cette contrée sont quelques coquillages seulement. Dans le centre de la plupart des îles madréporiques de l'Océanie se rencontre une dépression qui, s'enfonçant plus ou moins au-dessous du niveau de la mer, s'emplit d'eau salée dans laquelle vivent différents animaux marins; presque toutes les îles de corail de l'archipel de Tahiti présentent cette particularité ; aux Loyalty, l'île Ouvéa seule a un
lac intérieur. Cette terre est aussi la seule dans laquelle l'horizontalité des couches de corail n'a pas été bien gardée pendant les mouvements qu'elle a subis.