Annales des Mines (1867, série 6, volume 12)
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REVUE DE GÉOLOGIE.
être employé comme marbre. On conçoit d'après cela que les marbres soient assez communs dans la nature et qu'il y en ait pour ainsi dire dans tons les pays. Tel est en effet l'enseignement qui ressortait de l'examen des marbres de l'Exposition Universelle de 1867. Non-seulement ils se montraient en collections très-nombreuses, mais encore ils provenaient des contrées les plus diverses : l'Australie, le Canada, l'Amérique en offraient même qui rivalisaient avec ceux de l'ancien monde.
Généralement, l'on en rencontre beaucoup dans les pays de montagnes et particulièrement dans ceux qui sont occupés par les terrains métamorphiques, gisement le plus habituel des calcaires cristallins. Toutefois, bien que les échantillons propres à figurer dans une collection soient innombrables, c'est seulement dans des circon-
stances exceptionnelles qu'on trouve des marbres réunissant la richesse de tons et les qualités qui les font rechercher par les constructeurs, formant des gîtes puissants, d'une exploitation et d'un accès faciles, situés en outre à proximité de la mer ou du moins de grandes voies de communication.
Si l'on considère, par exemple, le marbre blanc statuaire, l'on reconnaît que malgré l'abondance dans la nature des calcaires blancs et saccharoïdes, le gisement de Carrare est jusqu'à présent unique et conserve, depuis les Romains, le privilège de pourvoir presque seul à la consommation du monde entier. I lfaut dire aussi que les marbres exploités par les anciens sont naturellement plus connus et, par suite, plus recherchés que les nouveaux, leur emploi dans les monuments de l'antiquité leur constituant en quelque sorte des titres de noblesse. La France possède quelques marbres à couleurs vives et harmonieuses qui jouissent d'une grande notoriété et ne se retrouvent pas dans d'autres gisements. Tels sont certains marbres des Vosges, des Alpes et surtout des Pyrénées. D'autres, comme ceux de Bou-
logne et du Jura, sont au contraire remarquables par leur compacité, leur résistance à l'écrasement et leurs bonnes qualités comme matériaux de construction. Ces derniers sont exploités régulièrement et sur une grande échelle, en sorte qu'ils peuvent être livrés à des prix très-bas. Quant aux marbres de luxe, ils sont exploités seulement d'une manière intermittente, et leurs prix sont, par cela même, plus élevés. Le défaut d'entretien des chemins et des carrières peut même conduire à l'abandon complet des marbres les plus renommés ; c'est malheureusement ce qui vient de se produire pour un
ROGUES.
66 marbre classique et en quelque sorte national, auquel le palais de Versailles doit une partie de sa splendeur, le marbre de Campan. L'Algérie possède un marbre d'une beauté exceptionnelle, l'onyx calcaire d'Ain Tekbalet clans la province d'Oran. En outre, une variété de cet onyx qui est jaune, transparente et imprégnée d'hydroxyde de fer a été signalée récemment près de Nedroma. On sait du reste que ce marbre onyx existe également au Mexique,
et l'Exposition en montrait aussi des échantillons qui provenaient du village de Van dans la province d'Erzeroum en Turquie. En outre le marbre onyx s'exploite dans les possessions russes du Caucase; clans ce dernier gisement il est même remarquable par sa blancheur ainsi que par sa translucidité et il peut être obtenu en dalles qui sont fort belles. Les autres marbres les plus importants de l'Algérie sont d'après M. Ludovic Ville les marbres brèches de la Pointe Pescade, du Chenouali, des environs de Fondouck, du cap Matifou. Ajoutons-y le marbre blanc du Felfela, les marbres du fort Génois et de l'Ouedel-Aneb près Bone.
Parmi les autres pays qui avaient envoyé à l'Exposition les collections de marbres les plus remarquables, nous mentionnerons
encore l'Italie, qui reste absolument sans rivale pour le marbre blanc ; la Grèce, qui possède le marbre rouge antique retrouvé à
Pérahora, en Laconie, mais dont les richesses minérales sont inexploitées ; le Portugal, qui avait réuni une très-belle série de marbres, sur le gisement et sur le travail desquels M. de Neves Cabral a publié les renseignements les plus précis (i); la Belgique, - dont les marbres bien connus, sont largement importés en France;
la Prusse, qui exploite en Silésie, et surtout en Westphalie, des marbres livrés au commerce à un taux très-bas; l'Autriche, qui montrait un marbre rouge marron et du Salzbourg appartenant au trias, fournissant des dalles de la plus grande dimension ; l'Espagne, très-riche en marbres, comme tous les pays de montagne; l'Australie, l'Uruguay, le Canada et les Etats-Unis de l'Amérique du Nord.
Calcaire siliceux. IRLANDE. On sait que les calcaires lacustres ou marins contiennent souvent une certaine quantité de silice; or dans plusieurs calcaires marins cette silice est à l'état de polypiers dont la présence ne se révèle pas toujours dans la roche fraîchement extraite. (I) DeNeves Cabral. Catalogue français de l'Exposition du Portugal.