Annales des Mines (1868, série 6, volume 13)
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MÉTÉORITES.
Aussi l'étude de ces corps mérite-t-elle, à tous égards, de
prendre place dans ce recueil, malgré le peu d'attention que les géologues lui ont accordée jusqu'à présent. Dans un rapport récemment publié sur les derniers pro-
grès d'une partie de la géologie, que l'on peut appeler la Géologie expérimentale (*), nous avons été amené à exposer comment l'expérimentation est intervenue pour éclairer les questions d'origine et de mode de formation des météo-
rites; on a reproduit ici ce chapitre, avec quelques développements, dont une partie avait trouvé place dans des publications antérieures. Le titre indique suffisamment que l'on a dû réduire à un exposé très-succinct la partie historique et descriptive.
CHAPITRE PREMIER. ORIGINE EXTRA-TERRESTRE DES MÉTÉORITES. -- PHÉNOMÈNES OUI ACCOMPAGNENT LEUR CHUTE.
' Depuis longtemps on ne peut douter que, parmi les matières qui tombent de l'atmosphère à la surface du globe, il en est dont l'origine est incontestablement étrangère à
la planète que nous habitons. Leur chute se fait reconnaître à la production considérable de lumière et de bruit qui l'accompagne, à la trajectoire presque horizontale qu'elles décrivent, enfin à la vitesse excessive des bolides qui les apportent. Diverses chutes récentes, qui ont été étudiées avec soin, ont permis de mieux préciser les circonstances qui accompagnent l'arrivée de ces masses sur la terre. Il est extrêmement remarquable que ces circonstances se reproduisent constamment les mêmes. (*) Rapport sur les progrès de la géologie expérimentale. Imprimerie impériale, 1867.
ORIGINE EXTRATERRESTRE.
La chute des météorites est toujours accompagnée d'une incandescence, assez vive pour donner à la nuit l'apparence
du jour, et pour être parfaitement sensible en plein midi. Par suite de Cette vivacité d'éclat l'arrivée des météorites peut être vue à de très-grandes distances la chute d'Orgueil (Tarn-et-Garonne), du 4 mai 1864, fut aperçue jusqu'à Gisors (Eure), à plus de 5oo kilomètres de distance. La lumière dont il s'agit n'a, du reste, qu'une très-faible durée. On pense qu'elle se produit au moment où l'astéroïde pénètre dans notre atmosphère, c'est. à- dire à une hauteur considérable, que, pour la chute d'Orgueil, Par exemple, on a évaluée à 65 kilomètres. C'est grâce à cette incandescence que l'on peut observer la trajectoire des météorites, qui, en général, est peu inclinée sur l'horizon. Une trajectoire de cette nature a été particulièrement reconnue pour le bolide d'Orgueil, que nous venons de citer : marchant de l'ouest vers l'est, ce bolide fut suivi, à pprtir de Santander et d'autres points des côtes d'Espagne, jusqu'au point de sa chute. L'incandescence des bolides permet, en outre, d'appré:
cier leur vitesse, qui n'a pas d'analogue sur la terre, et qu'on ne peut comparer qu'a celle des planètes roulant dans leurs orbites. Cette seule circonstance suffirait pour prouver l'origine cosmique des météorite.s.
La météorite d'Orgueil paraissait parcourir environ 20 kilomètres par seconde ; on a observé, dans d'autres cas, des vitesses qu'on n'a pas évaluées à moins de 5e kilomètres. Constamment l'apparition du bolide s'accompagne d'une
traînée de vapeurs, qui ne sont pas dépourvues d'un certain éclat lumineux.
Il n'y a pas d'exemple de chute de météorite qui n'ait été précédée d'une explosion, et même quelquefois de plusieurs explosions. Le bruit de l'explosion a été comparé par
les observateurs, soit à celui du tonnerre, soit à celui du