Révisions de la page | Historique de transcription | Annales des Mines (1868, série 6, volume 13)

MÉTÉORITES.

canon, suivant la distance à laquelle ils se trouvaient. Il se fait entendre sur une vaste étendue de pays ; quelquefois sur plus de 100 kilomètres à la ronde, comme dans le cas de la chute d'Orgueil. Si l'on réfléchit, en outre, qu'elle se produit dans des régions où l'air, très-raréfié, se prête très-mal à la propagation du son, on sera convaincu qu'elle doit être d'une intensité qui dépasse tout ce que nous connaissons. Après l'explosion, on entend un sifflement dû au rapide passage des éclats dans l'air, et que les Chinois comparent au bruissement des ailes des oies sauvages, ou à celui d'une étoffe qu'on déchire. Il n'est pas inutile d'ajouter que ces phénomènes ont été observés, non-seulement dans des régions du globe trèsdiverses, mais en toutes saisons, à toutes les heures du jour et souvent par un temps serein, sans nuages, et un air calme. Les orages, les trombes n'y sont donc pour rien. Pour répondre à une objection qui se présente naturel-

lement à l'esprit, en ce qui concerne la vitesse de ces corps, nous devons attirer l'attention sur une distinction essentielle. La vitesse énorme propre au corps lumineux ou

bolide que l'on voit fendre l'atmosphère, contraste avec celle, incomparablement plus faible, que possèdent les éclats, au moment de leur arrivée sur la terre. Le bolide se comporte comme un corps lancé avec une vitesse initiale considérable ; au contraire, les éclats qui nous parviennent

à la suite de l'explosion paraissent, en général, ne posséder qu'une vitesse comparable à celle qui correspondrait à leur chute, ralentie d'ailleurs par la résistance de l'air. D'ailleurs, les bolides arrivent dans toutes les directions, leur vitesse relative, toutes choses égales d'ailleurs, doit

nécessairement varier, d'après l'orientation de la trajectoire par rapport au sens du déplacement de la Terre. Les pierres d'une même chute sont plus ou moins nom-

breuses, et, toujours brûlantes, à la surface, au moment

ORIGINE EXTRA-TERRESTRE.

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incande leur arrivée, sans avoir toutefois conservé leur descence.

A Orgueil, il est tombé des pierres sur une soixantaine de points compris dans un ovale, dont le grand axe avait Stannern, en Mo2o kilomètres de longueur. La chute de centaines d'échantillons, et celle ravie, a donné plusieurs ici, comme à Orde l'Aigle en a fourni environ trois mille ; il gueil, l'espace recouvert par les pierres était ovale : avait observée en 12 kilomètres de longueur. Une chute récente été beaucoup moins nomHongrie, à Knyahinia, n'a pas breuse que celle de l'Aigle. Souvent les pierres d'un certain volume pénètrent profondément dans le sol : par exemple, l'une de celles recueillies à Aumale, s'est enfoncée de plusieurs décimètres dans un bloc de calcaire compacte et résistant. C'est ainsi. qu'un certain nombre de météorites peuvent rester enfouies et inaperçues. Les phénomènes de lumière et de bruit, dont s'accompagne la chute des météorites, ayant des proportions si imposantes, ce n'est pas sans étonnement qu'on constate l'absence de tout bloc volumineux parmi les pierres tombées.

Le plus gros échantillon recueilli à Orgueil pesait 2 kilogrammes; aucun de ceux de la chute de l'Aigle, n'excédait 9 kilogrammes; le poids de 5o kilogrammes n'est pas souvent dépassé : c'est comme exception qu'on peut citer quelques pierres de 200 à Soo kilogrammes. Ajoutons même que le poids des fragments est quelquefois seulement de quelques grammes. Pour les fers météoriques, les poids sont souvent plus forts : on en a trouvé de 7 oo à 800 kilogrammes, comme le fer de Charcas récemment parvenu au Muséum, et l'on a trouvé au Brésil un échantillon dont le poids a été évalué à 7.000 kilogrammes; mais ce dernier lui-même ne représente pas un volume égal à t Mètre cube.