Annales des Mines (1868, série 6, volume 14)
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PROCÉDÉ BESSEMER.
FABRICATION DE L'ACIER.
Mais pour arriver à des procédés industriels, pour obtenir des résultats commerciaux positifs, il rencontrait encore de nombreux et puissants obstacles, tels que La rapide destruction du garnissage réfractaire intérieur du vaisseau destiné à l'opération ; La difficulté de chasser de la fonte le soufre et le phosphore; Le maniement de masses très-considérables de fer liquéfié à des températures jusqu'alors inconnues dans les arts
hère, et après un mois d'usage, l'exainen des outils que
Enfin, le peu de temps qui s'écoule entre la production du fer malléable liquide et sa solidification. Et il dut consacrer à la solution dé ces questions tout son temps, toute son énergie, sans entrer davantage en discussion, soit avec les journaux, soit avec une foule de correspondants anonymes qui l'inondaient de leurs objections. Quand chacun de ces derniers eut éPuisé le sujet à son point de vue sans plus rencontrer de contradiction, il cessa d'écrire, persuadé que l'inventeur était réduit au silence faute de pouvoir se défendre, et se déclarait, par là. même,
Dans cette cruelle situation, M. Bessemer eut à résister aux plus instantes, aux plus tendres exhortations pour qu'il s'arrêtât et pour qu'il reconnût lui-même qu'il poursuivait
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vaincu. Cependant les expériences se poursuivaient, les appareils étaient modifiés et perfectionnés, les produits obtenus étaient soumis aux premiers chimistes de l'Angleterre pour être analysés, et quand il se fut presque épuisé en vains efforts pour
chasser de la fonte le soufre et le phosphore, M. Bessemer essaya l'opération sur d'excellentes fontes suédoises., entiè-
rement privées de ce dernier métalloïde, afin de savoir jusqu'à quel point il réussirait sans la présence de ce corps étranger.
Des lingots obtenus de cette manière à Londres dans l'appareil d'essai, furent aussitôt convertis à Sheffield en barres, et un quintal de ce produit envoyé à MM. Calloway, ingénieurs à Manchester, pour être soumis à des essais, et livrés par eux, comme acier ordinaire, aux ouvriers de leur
établissement. Personne n'y donna une attention particu-
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l'on en avait confectionnés fit déclarer ce métal équivalant aux meilleurs aciers à outils de Sheffield. Trois ans s'étaient écoulés en recherches,-en expériences, en efforts intellectuels et matériels de tous genres ; dix-sept
brevets avaient été pris en Angleterre et à l'étranger, de 16 à 18.000 livres sterling (400.000 à 45o.000 francs) avaient été engloutis tout le fruit des travaux antérieurs de M. Bessemer avait disparu.
une chimère, sa résistance ne trouvant d'appui que dans ses fermes convictions, dans sa persévérante énergie, et il continua ses dispendieuses expériences, semblable à Ber-
nard Palissy jetant au four les pièces de son mobilier quand il eut épuisé sa dernière provision de bois. Bien que l'invention fût conduite presque au contact de la perfection, tout n'était pas 'encore résolu; les industriels
restaient sourds aux invitations d'employer les produits d'un procédé qui, aux yeux des uns, était un insuccès absolu, qui, pour d'autres, était complétement effacé de leur mémoire.
Même en Suède, on avait été si loin que le syndicat des maîtres de forges avait formellement proscrit l'emploi de ce procédé, dans la crainte qu'il ne nuisît à la bonne réputation des fers du pays. Cependant un maître de forges suédois, intelligent et de bonne position industrielle, M. G. F. Goranson, voulant apprécier par lui-même la valeur et l'état réels de l'invention, se rendit en Angleterre, et dès qu'il l'eut étudiée, il entra en aftangements avec l'inventeur afin d'appliquer le procédé dans son pays. Les machines à vapeur et les appareils particuliers à l'invention, exécutés à Manchester, furent aussitôt envoyés en Suède, montés et mis en oeuvre à l'usine