Journal des Mines (1809, volume 26)
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e,U11 L'ACTION
DES EAUX FLUVIATILES.
La pluie ensuite exerça 'son action perpé-
tuelle sur ces deux conformations différentes
elle sillonna, elle excava le sol plane laissé par la mer ; elle ravalla et lit ébouler les fractures proéminentes du globe. Cette eau qu'une évaporation insensible élève dans l'air, cette eau qui ne retombe que gouttes à gouttes , cause par ses dilutions lentes et répétées plus de déplacement entre les matières du continent , que ne fait la mer même sur celles qu'elle recouvre. L'onde marine s'entresoutient intérieurement avec tout ce qu'elle renferme : mais l'air n'oppose presque rien au torrent; son courant trouve comme un vidé devant lui , et il jouit de toute "sa pesanteur pour fondre et propulser. Vous seriez effrayé dans les Alpes et les Pyrénées à la fonte des neiges, du bruit énorme des torrens , des écroulemens qui se détachent,
des débris qui se précipitent les uns sur les autres. Observez dans la saison des pluies ou après un orage , lorsque toute la campagne ruisselle, et que des ravines innombrables découlent de
toutes parts et versent à grand bruit dans la. vallée des eaux jaunes et épaisses , et faitesvous une idée de toute la matière terreuse que le canal. commun a exportée pendant la longueur des siècles
Lors donc que l'équateur se fut éloigné de nous , et que la mer avec lui se l'Ut retirée de dessus la plus grande partie de la France, le sol qu'elle laissa à découvert aux environs de -
Paris était une sirte plane , et les divers matériaux qui composent le fond de ce sol se trouvaient dans leur site respectif étendus sous ce plan horizontal. Depuis cet évènement, cette surface unie fut soumise à l'action des eaux pluviales , et les eaux, en s'écoulan t, commencèrent le travail de l'excavation. Les premières coulèrent sur la ligne du niveau commun où nous voyons les sommités de ce pays encore existantes : les pluies excavèrent
le sol de plus en plus. Ainsi le lit des eaux courantes s'est enfoncé par degrés : il a existé à diverses hauteurs sur le pays avant d'être descendu jusqu'au sol actuel de Paris. -Ce qui est bien prouvé par les stratifications de cailloux roulés restés comme à divers étages sur la campagne en différentes époques. Toute la hauteur d'Ivry est recouverte- de graviers et de cailloux roulés : à son extrémité,
du côté de Vitry, une coupure verticale de
carrière permet de voir à découvert l'épaisseur transversale d'un lit de rivière tout entier avec son arrangement propre (1), et ses amas de graviers et de - galets entremêlés dont il s'est formé des pouddings comme dans lés dépôts (i) Ceci se reconnaît facilement. La mer Ihit le triage de ses graviers et de ses galets 5 elle les lave avant (le les dé, poser dans ses eaux limpides , aussi sont-ils nets au lieu que les graviers de la Salpêtrière et de Grenelle sont sales ; ils ont été apportés par des eaux bourbeuses et accumulés confusément.