Révisions de la page | Historique de transcription | Journal des Mines (1813, volume 34)

SOGnT '14° Mais ces dispositions ne suffisaient point à la sollicitude d'un Gouvernement auquel rien d'utile n'échappe , et dont la bonté, comme la puissance, n'ont de bornes que la justice. Sa Pd ajesté a été touchée de la misère qui accable les ouvriers bouilleurs, lorsque l'âge ou des infirmités les mettent hors d'état de travailler, et elle a rendu le décret du 26 mai dernier, dont je vais exposer les principaux avantages. Pour cet effet, Messieurs, je crois devoir vous retracer le tableau de l'état de détresse et d'abandon où se trouvent les familles des mineurs lorsqu'elles perdent leurs chefs. Depuis long-tems l'Administration avait le proje.t d'améliorer leur sort. S. Ex. Mie Comte DE MONTALIVET , Ministre

de l'intérieur, m'avait écrit à ce sujet ; M. le Comte LAUMOND , Directeur-général des Mines , s'en occupait aussi ;

mais l'intérêt personnel, et le défaut d'instructions des odvriers eux-mêmes, s'étaient opposés aux vues de la bienfaisante prévoyance. Plusieurs propriétaires d'exploitations, il est vrai , ont fourni quelques secours aux ouvriers blessés à leur service au moyen dune retenue faite sur les salaires ; 'mais, quoique cette retenue fût fort onéreuse , puisqu'elle s'élevait quelquefois à 4 pour ioo, les secours ont toujours-été insuffisans et momentanés. Je ne parlerai pas d'autres abus plus graves encore que des propriétaires d'exploitations, animés par des sentimens d'honneur et ehumanité., ont signalés eux-mêmes Ces hommes de bien, que j'aime à citer, ont considéré comme une supercherie celte espèce d'agiotage que quelques individus se sont permis en obligeant les ouvriers à recevoir des marchandises en paiement. Ils ont reconnu que les retenues , sur les salaires des personnes employées par eux, ne devaient point rester dans leurs mains, et qu'il convenait de les verser dans une caisse commune , pour être destinées en totalité au soulagement des Ouvriers que l'âge,

DE P111VOYA:NCE. 14 les infirmités, des maladies ou des accidens mettraient hors d'état de travailler. Ils sont convenus que les sacrifices exigés jusqu'à ce jour, de la part des ouvriers, étaient trop forts et presque sans utilité ; qu'en établissant une Caisse de Prévoyance, commune à tons les sociétaires , on pouvait réduire la retenue à 2 pour roo ( deux- centimes par franc ) , et qu'au moyen de cette légère économie, les ouvriers se créeraient une propriété, et des ressources ph les mettraient à l'abri de la misère et de ses effets destructeurs. Les avantages d'un pareil établissement sont constatés par les succès qu'obtiennent ceux qui existent à Paris, et dans plusieurs communes de l'Empire, oh ils se sont très.-multipliés. Il est de ces établissemens, Messieurs, qui fournissent depuis un franc jusqu'à cinq francs par jour à ceux des sociétaires qui sont malades, et des pensions de 100 , de 200 de 3ob , et même de 400 francs par an, aux infirmes hors d'é-

tat de travailler. Ainsi, les bouilleurs qui feront Partie de la Société de voyance n'iront point à l'hôpital, à moins qu'ils ne le demandent..Chaeun d'eux sera traité dans le sein de sa famille, et visité régulièrement par leurs camarades nommés pour remplir ce devoir. Ces avantages sont d'autant mieux assurés aux bouilleurs, à leurs femmes et enfans sociétaires, que les propriétaires des exploitations contribueront eux-mêmes aux .fonds de la caisse commune, en y versant tous les mois un demi pour 'Io° calculé sur le montant des salaires des ouvriers. Ce léger sacrifice sera profitable a.ux propriétaires généreux que j'ai signalés, puisqu'ils seront dispensés d'accorder des secours extraordinaires et souvent mal 'employés. Ils ne emiro n tells de l'impuissance où ils se trouvent d'entretenir des hommes hors d'état de travailler. Ils s'attacheront leurs ouvriers, qui , tranquilles sur leur sort futur, deviendront plus sobres et plus laborieux.