Annales des Mines (1874, série 7, volume 6)
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DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANCE.
ENQUÊTE SUR L'ÉTAT
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concédé, il sera permis de regretter que, par des concessions trop
Sans entrer dans des détails qui trouveraient plus convenablement
étendues, l'État ait concentré en un petit nombre de mains une masse de terrains houillers, dont la mise en valeur avait tout à
leur place dans l'enquête sur les conditions du travail en France, on peut citer quelques chiffres qui mettent hors de doute à la fois la puissance et la bonne volonté des compagnies houillères. C'est ainsi que les différentes compagnies du Nord et du Pas-deCalais ont dépensé, en maisons d'ouvriers, maisons d'écoles, institutions de prévoyance, etc., des sommes égales au quart des dividendes qu'elles ont distribués à leurs actionnaires et dont l'intérêt dépasse 8o francs par ouvrier mineur. Plusieurs d'entre elles pratiquent avec succès le système ingénieux qui consiste à rendre les ouvriers propriétaires de leurs maisons, par une série de versements minimes échelonnés sur plusieurs années. Actuellement, dans les deux bassins en question, la proportion des ouvriers logés par les soins des compagnies est quatre fois supérieure à ce qu'elle est en Belgique, aussi le recrutement des mineurs s'y fait-il avec une assez grande facilité. Depuis 1852, le bassin du Pas-de-Calais a créé une population de 17.000 ouvriers et le bassin du Nord, qui occupait 11.579 ou-
gagner à une plus grande division. Et, s'il y a là, pour l'avenir, des
réserves importantes, il n'en est pas moins vrai qu'il y a aussi dans le présent un motif de gêne pour l'ensemble de la production. Une étude aussi détaillée serait sans objet pour les autres bassins de production. Contentons-nous de signaler brièvement les faits les plus saillants. Dans le bassin de Commentry, la société dite de Commentry (2.369 hectares) donne 2.340 quintaux de rendement ; la société de Châtillon et de Commentry, pour 1.015 hectares de concession, atteint 5.295 quintaux; au contraire, deux concessions, appartenant à des particuliers et couvrant 628 hectares, ne donnent qu'un rendement de 250 quintaux. Dans le bassin d'Aubin, le rendement le plus élevé est celui des
trois concessions de la régie d'Aubin, qui n'occupent que 568 hectares et donnent A.590 quintaux à l'hectare. Dans le bassin d'anthracite de la Savoie, tandis que le rendement moyen n'est que de 77 quintaux, une compagnie, celle de Saint-Michel, qui exploite fo hectares seulement à la Saussaz, arrive au rendement extraordinaire de 5.559 quintaux. Enfin, tandis que la moyenne du bassin à lignite d'Aix est de 197 quintaux, la concession de Peypin atteint 2.05o quintaux. Ce qui ressort clairement du travail purement statistique auquel nous venons de nous livrer, c'est que les conditions les plus favorables à l'activité de la production, en dehors des circonstances
naturelles du gisement, sont une étendue modérée des concessions, comprise aux environs de 1.000 hectares, et, dans l'exploitation, l'intervention de sociétés assez puissantes pour organiser le matériel nécessaire et pour créer tous les établissements propres à assurer le recrutement de la population ouvrière. Si le gouAugmentation de la population ouvrière des mines. vernement doit s'inspirer de ces principes, clans l'institution des
concessions à. venir ou lorsqu'il s'agit d'autoriser la réunion de concessions existantes, il n'a évidemment pas à intervenir en ce qui touche l'accroissement du nombre des mineurs, prélude indispensable du développement de la production. Il suffit, d'ailleurs, de considérer ce qui s'est fait à cet égard dans les principaux bassins, pour se convaincre que l'initiative privée est à la hauteur de cette tâche.
vriers en 1860 et 16.766 en 1871, en avait 18.693 en 1873, soit une augmentation de 1.927 en deux ans, dont 1.604 ouvriers du fond et 323 ouvriers du jour. A Blanzy, on évalue à 90 francs par ouvrier mineur l'intérêt des sommes bénévolement dépensées par la compagnie, qui, d'ailleurs,
profite de l'allure particulière de ses couches de houille pour installer des haveuses mécaniques, avec lesquelles elle pourra suppléer à l'insuffisance du personnel. Enfin, à la Grand'-Combe, la compagnie loge elle-même 5,00 personnes dans des constructions
qui lui ont coûté, y compris les églises et les écoles, plus de 1,500.000 francs, et les subventions annuelles qu'elle alloue à son personnel, à titre gratuit, atteignent 190.000 francs. Nous n'insisterons pas davantage sur cet exposé, qui avait simplement pour but de montrer, à l'aide de quelque::: chiffres, que les compagnies houillères françaises avaient assez bien compris
leurs véritables intérêts pour ne pas reculer devant de grands sacrifices, en vue d'assurer le maintien elle développement du personnel ouvrier. On peut dire hardiment que, sous ce rapport, la France laisse loin derrière elle l'Angleterre et la Belgique; aussi est-il permis de penser qu'elle doit à cette conduite intelligente d'avoir été à peine effleurée par les grèves pendant la dernière crise.
Plusieurs déposants ont demandé que l'État, pour faciliter le recrutement de la population des mines, accorde aux mineurs des