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ENQUÊTE SUR .L'ÉTAT

on déterminera plus tard, avec bien moins d'aléa, l'emplacement de nouveaux sondages. Mais, précisément parce que ces premières 'recherches sont d'ordre scientifique et peuvent difficilement conduire à un résultat industriel immédiat, elles dépassent ce qu'il est convenable de demander à l'initiative privée. C'est une pensée de ce genre qui a déterminé le gouvernement prussien à exécuter, près de Berlin, le sondage de Sperenberg, qui a pénétré jusqu'à i.aoo mètres de profondeur, fournissant des résultats scientifiques d'un grand intérêt. Ces explorations de fond sont évidemment du domaine de l'État,

comme le sont les sondages en mer et les cartes géologiques ou topographiques. Dans une situation meilleure de nos finances, la commission n'eût pas hésité à conseiller à l'État de s'engager dans cette voie, avec l'appui et le contrôle des autorités scientifiques compétentes. Pour l'instant, elle ne peut que signaler ce point de vue à l'attention publique, en réservant l'application pour des temps plus prospères. En revanche, l'État peut, sans qu'il lui en coûte dés dépenses sérieuses, faire exécuter, d'une manière générale et systématique, par les ingénieurs au corps des mines, .des études préparatoires devant servir de bases aux recherches de l'industrie privée.

Pour que ces études soient fructueuses, il conviendrait tout d'abord de dresser une sorte de cadastre souterrain de la France, c'est-à-dire de faire tenir à jour, par les ingénieurs, à l'aide d'agents secondaires spécialement mis à leur disposition pour cet effet,

des plans communaux à assez grande échelle, par exemple au 10/1000e, où seraient reportées toutes les indications des cartes géologiques existantes. Les emplacements des carrières, des mines,

des affleurements, de tous les anciens travaux connus, y seraient scrupuleusement indiqués. Ce relevé une fois fait, partout où il y aurait quelques chances de trouver du charbon, les ingénieurs procéderaient à une étude détaillée du terrain, se faisant autoriser, le cas échéant, à faire donner quelques coups de pioche pour mieux préciser la nature du sous-sol. .Cette étude serait, autant que possible, confiée à des ingénieurs spécialement versés dans cet ordre de connaissances et avec le concours du service de la carte géologique de France. De cette manière et en séparant ce genre de travaux du service admini-

stratif proprement dit, on échapperait à l'inconvénient de voir abandonner les études commencées lorsque les ingénieurs changeraient de résidence. De tels travaux offriraient à l'activité des

DE L'INDUSTRIE HOUILLÈRE EN FRANCE.

297 ingénieurs des mines un aliment parfaitement en rapport avec l'esprit qui a présidé à la création de ce corps distingué. Dans l'origine, les ingénieurs des mines étaient destinés à devenir une sorte d'état-major scientifique de l'industrie, .dans lequel les mineurs et les métallurgistes seraient assurés de trouver toujours des guides et des conseillers éclairés. Sans doute, cette conception, admissible à une époque où l'industrie avait besoin pour ses débuts d'une protection constante, serait aujourd'hui difficile à maintenir. En présence du merveilleux développement de l'industrie moderne, il serait souverainement téméraire, de la part des ingénieurs de l'État, d'offrir leurs avis à des exploitants pour la

plupart aussi habiles qu'expérimentés. alais il n'en est pas de même en matière de recherches; ce sont des travaux qui exigent des méthodes spéciales, basées sur une connaissance approfondie de la géologie. Là le rôle des ingénieurs est tout tracé. En fait, d'ailleurs, cette direction n'a pas manqué de se produire dans quelques bassins importants et il n'est que juste de proclamer ce que la Loire, d'une part, et le Pas-de-Calais, de l'autre (pour ne citer que ceux-là), doivent à l'intervention des ingénieurs de l'Etat ; seulement l'accomplissement normal et régu-

lier de cette tâche est subordonné à une condition : c'est que, pour tous les travaux manuels, le corps des mines ait désormais à sa disposition ce qui lui a manqué juseici, c'est-à-dire la faculté de recourir à un personnel d'employés auxiliaires pour tous les travaux d'écriture et de dessin. La commission appelle donc tout spécialement sur ce point l'attention du ministre des travaux publics. La dépense qui naîtrait de cette nouvelle organisation serait amplement compensée par les résultats des travaux qu'elle aurait rendus possibles.

En tout cas et en attendant mieux, l'administration pourrait faciliter l'intervention de ses ingénieurs dans le travaux de recherches, par des mesures analogues à celles qui assurent aux particuliers le concours des ingénieurs des ponts et chaussées pour les études de drainage.

Topographie souterraine. - Au point de vue qui vient d'être étudié se rattache la question de la topographie souterraine des bassins houillers exploités. Diverses plaintes se sont fait entendre à ce sujet dans l'enquête. Or la loi exige formellement que tous les plans des travaux soient périodiquement communiqués aux ingénieurs et l'on ne peut douter de leur zèle à réclamer l'exécution de cette prescription. Si donc il était vrai qu'elle ne produisit pas toujours tous les fruits attendus, cela ne pourrait tenir qu'a la