Annales des Mines (1875, série 7, volume 7)
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D'UN MÉLANGE D'AIR ET DE GRISOU.
VITESSE D'INFLAMMATION
accompagnée d'un refoulement de Vair qui remplit les galeries, se fait avec une vitesse très-grande et comparable à la vitesse de propagation du son dans l'air. En même temps la tranche enflammée ayant augmenté d'épaisseur, la vitesse d' inflammation s'en trouve nécessairement accrue. La vitesse
avec laquelle la flamme se propage dans la galerie pend donc 1° De la vitesse d'inflammation propre au mélange gazeux qui remplit les galeries ; 2° De la vitesse avec laquelle se dilatent, en vertu de l'expansion produite par la combustion, les diverses tranches gazeuses ;
3° De la vitesse et du sens du courant d'air qui traverse
les galeries, si la cause qui produit ce courant n'est pas supprimée par l'explosion. On voit en résumé que les effets mécaniques de l'explosion se propagent avec une vitesse beaucoup plus rapide que celle avec laquelle se propage la flamme. Cela est tout à fait d'accord avec certains récits d'ouvriers échappés à un
coup de grisou.. C'est ainsi que j'ai entendu un ouvrier échappé à l'une des terribles explosions de la mine du Treuil, raconter qu'entendant l'explosion et ne pouvant se
garer, il s'était couché sur le sol humide de la galerie, se mettant la figure dans l'eau, et que, dans cette posture, il avait attendu la flamme qui avait en effet passé sur lui au bout d'un certain temps. On s'est demandé quelquefois si l'explosion pouvait remonter le courant d'air et même si elle ne le remontait pas toujours de préférence. Ce que nous venons de dire permet de répondre à cette question. Si l'explosion est faible et locale, si le courant d'air gé-
néral de la mine n'en est pas sensiblement modifié, l'inflammation ne remontera jamais le courant lorsque la vitesse en est supérieure à om,60 par seconde, et, dans tous
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les cas, se propagera plus lentement en amont qu'en aval du courant.
Si l'on imagine, par exemple, deux chantiers contenant un mélange détonant et traversés par le courant d'air de
la mine, de sorte que l'on puisse distinguer le chantier d'amont, dans lequel l'air passe d'abord, et le chantier d'aval; si le courant d'air dans la galerie qui unit les deux chantiers a une vitesse supérieure à on',6o par seconde (la galerie étant d'ailleurs supposée contenir du grisou), le chantier d'amont pourra transmettre l'inflammation au chantier d'aval et l'inverse ne pourra avoir lieu. Quant aux explosions générales, dont le premier effet est de suspendre, au moins momentanément, le courant d'air qui traverse la mine, l'explosion s'y produira à peu près comme si l'air de la mine était primitivement immobile. IV.
Des lampes de sûreté.
C'est principalement en vue d'établir une théorie suffisamment complète des lampes de sûreté que j'avais songé à entreprendre les expériences dont j'ai fait connaître plus haut les résultats. Je crois en effet que l'on ne peut .rendre compte de tous les phénomènes qui se passent dans ces importants appareils sans prendre en considération la vitesse d'inflammation.
On sait que Davy a fait sa belle découverte en partant de la remarque que dans un tube -étroit, rempli d'un mélange détonant, l'inflammation ne se propage que jusqu'à une certaine distance de l'orifice, déterminée, toutes choses égales, par le diamètre. On comprend aisément qu'une
toile métallique peut être considérée comme formée par la juxtaposition d'un très-grand nombre de tubes semblables. Il est très-aisé d'étudier d'une façon complète ce phéno-
mène capital qui est la véritable base de la théorie des lampes de sûreté.