Annales des Mines (1876, série 7, volume 9)
Page : Image 180
Révision de 8 févr. 2015 23:29:31, edited by Anonymes
544
CONSTITUTION GÉOLOGIQUE.
RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 345
4. Association de l'or avec les métaux, les sulfures métalliques, et les pyrites. - L'or est souvent associé dans les filons
à de petits cristaux de galène et de pyrite
cui-
vreuse, qui tapissent les fissures et les joints du quartz. Dans les alluvions qui dérivent des filons, on l'a trouvé accompagné de plomb et de cuivre natifs, d'oxyde d'étain, et de sulfure d'antimoine. L'association la plus importante à considérer est celle de l'or avec les pyrites de fer, principalement avec les pyrites arsenicales, ou avec les matières ferrugineuses oxydées qui sont le produit de leur décom-
position. Ce sont, soit des pyrites de fer cristallisées en cube, soit des pyrites magnétiques, soit des pyrites arsenicales. Ces dernières sont les plus répandues et les plus généralement associées avec l'or. M. Clarke en distingue, dans les gisements aurifères d'Australie, trois espèces: l'une de couleur rouge de cuivre, l'autre un peu plus dorée, la troisième blanc d'argent. Celle-ci est la plus chargée d'arsenic et en contient jusqu'à 75 p. ioo. Ces trois espèces contiennent, outre du fer et de l'arsenic, un peu de nickel et de cobalt ; dans les deux premières, on trouve de plus un peu de cuivre, de plomb et d'antimoine. Cette association de l'or avec les pyrites est constante et générale, aussi bien en Australie et en Nouvelle-Zélande qu'en Californie et au Brésil. On peut la constater, nonseulement dans les filons quartzeux, mais encore toutes les fois qu'on rencontre l'or soit au milieu des schistes, soit au milieu des roches éruptives dans le granite ou dans le trachyte, soit même dans les alluvions. L'or apparent dans les filons à l'état métallique ne représente, clans la plupart
des cas, qu'une faible proportion de ce qu'ils en contiennent; le reste est intimement mélangé aux pyrites. Il est retenu par elles dans un état de mélange intime ou de combinaison chimique qui n'a pu être exactement déterminé, et dont il est très-difficile de l'isoler, comme nous le verrons dans le prochain chapitre en traitant des pro-
cédés de séparation de l'or dans les usines d'amalgamation. Il en est de même dans les gisements d'alluvions ; les concrétions pyriteuses qu'on y rencontre sont presque toujours aurifères. De plus on trouve fréquemment, à la base des gisements d'alluvions, des conglomérats formés de fragments quartzeux roulés ou anguleux et de débris de schiste
empâtés clans un ciment ferrugineux. Ces conglomérats très-durs, qu'on doit exploiter à la poudre et broyer au bocard comme le quartz des filons, sont souvent très-aurifères, et l'or qu'ils contiennent est alors associé au ciment pyriteux et ferrugineux dont ils sont formés.
Il semble d'après ces faits que les pyrites aient été. le véhicule ordinaire de l'or. D'ailleurs, la circulation des liquides minéraux qui ont produit les gisements aurifères s'est prolongée jusqu'à une époque géologique récente. On a trouvé en effet en Australie, dans des alluvions qui appartiennent à la fin de l'époque tertiaire, des troncs de bois fossile imprégnés de pyrites qui sont aurifères. D'après un fait cité par M. Brough Smith, on est même autorisé à penser que l'or continue jusque pendant l'époque actuelle à circuler et à se concentrer dans ses gisements ; c'est le fait d'un bois de mine qui, après quelques années cle séjour dans un quartier abandonné d'une mine de Ballarat, a été retrouvé en partie fossilisé, et imprégné de pyrites au milieu desquelles on pouvait distinguer au microscope de petits grains d'or.
L'or est rarement visible à l'état natif dans les roches très-chargées de pyrites; d'après l'expérience des mineurs, l'excès de pyrites, de même que leur absence, est un fâcheux indice pour la richesse d'un filon ; d'autre part, l'or natif se trouve très-fréquemment associé au peroxyde de fer
hydraté produit par la décomposition des pyrites; les parties de filon
voisines de la surface qui sont altérées par les -
agents atmosphériques et où les pyrites se sont trouvées décomposées et
oxydées, sont généralement les plus riches ;